Tempête Stan, coulée de boue au Guatemala, tremblement de terre au Cachemire, les éléments n’ont pas été tendres avec les habitants de la planète ces derniers jours. Avec le séisme qui a frappé le nord du Pakistan et de l’Inde hier matin, l’Etudiant cynique se trouve face à sa première étude de cas d’urgence humanitaire. Impuissant à agir, il tente de décrypter les informations qu’il reçoit. Comprendre comment se met en place une assistance humanitaire, les différentes phases, les acteurs de l’urgence, la place des médias… un scénario devenu hélas trop classique ces dernières années.
Les premières heures
Qu’il s’agisse de tremblement de terre ou d’inondation les premières heures sont cruciales. C’est le moment où l’on peut sauver le maximum de vies. Ce travail incombe aux autorités locales : alerter, coordonner, porter secours, vérifier ou renforcer les infrastructures (barrages, usines, communications…) pour ne pas alourdir la catastrophe. Souvent débordées par l’ampleur de la tâche ce sont bien souvent les populations qui s’organisent elles-mêmes mettant en oeuvre les solidarités traditionnelles (famille, voisin, quartier, communautés ethnique, religieuse, sociale..). Chacun compte les siens, dans l’effroi. On extrait les victimes des décombres, on panse, on réconforte, on abrite ou on s’effondre sous le poids du malheur. Les hôpitaux s’ils existent encore sont souvent inaccessibles. Quand arrive la première nuit, dans cette phase de vraie urgence, les humanitaires sont rarement là.
L’appel à l’aide
Dans le même temps, les systèmes d’alerte activent les cellules de crise. Les gouvernements sinistrés sont alors en contact très vite avec les organisations internationales pour décider des actions à entreprendre. Il leur faut aussi immédiatement mesurer l’ampleur des dégâts, cartographier le sinistre. L’estimation du nombre de victimes est crucial pour décider de l’appel à l’aide internationale que lance en général solennellement le chef de l’Etat. Dans le cas du séisme cachemiri, l’OCHA (bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires) a dépêché un avion d’experts pour coordonner l’aide humanitaire le jour même.
Gestes et intentions
Dans la foulée, la commission européenne a proposé 3 millions d’euros dès samedi en coordination avec MSF et le CICR présents sur place. Puis vient l’initiative des Etats. Plus diplomatique que concrète dans un premier temps et non sans arrière-pensée. C’est le temps où la surenchère de communiqués occupe les médias en attendant que les envoyés spéciaux qui ont pris d’assaut les dernières places d’avion disponibles arrivent sur place. La France envoie 25 secouristes expérimentés de la Sécurité civile, la Grande-Bretagne se dit prête et rappelle l’importance de ses relations avec le Pakistan, les Etats-Unis et l’Allemagne débloquent des fonds. Turquie et Grèce, durement éprouvées par des tremblements de terre par le passé offrent leur service. L’Inde, en proposant son aide, joue le rapprochement politique. Les pays musulmans les plus riches mettent la main au portefeuille. Plus opérationnelle, l’UNICEF commence à transporter des couvertures, des vêtements, des tentes, des médicaments, de la nourriture pour bébés et des pastilles de purification de l’eau, stockés jusqu’ici dans un entrepôt à Karachi, dans les zones affectées car l’hiver approche et la région est montagneuse. La banque mondiale propose 20 M$.
Le temps des évaluations
Et déjà, tandis que les médias relaient l’information au grand-public sans avoir grand-chose à montrer car les dégâts principaux ont eu lieu dans des régions désormais inaccessibles (et les envoyés spéciaux sont toujours pas à pied d’oeuvre !), le décompte morbide s’accélère. Un premier chiffre stable est annoncé par les autorités du pays. On parle de 20 000 morts ce dimanche matin sans évoquer encore les dizaines de milliers de sans-abris. Par comparaison le bilan du tsunami est de plus de 200 000 morts, celui de Katrina de « seulement » 1200 morts. Et même si on en parlera sans doute beaucoup moins, cette catastrophe est d’ampleur exceptionnelle pour le Pakistan. Il faut remonter à 1935 pour trouver un séisme aussi grave dans le sous-continent indien. Ma sombre étude de cas ne fait que commencer car la phase d’urgence passée il faudra réhabiliter. 36 heures après le sinistre l’OCHA dicte les premières priorités. Elle recommande l’envoi de transports héliportés pour atteindre les régions montagneuses principales touchées. C’est aussi les premières analyses politiques des éditorialistes. Sans grande originalité : le malheur commun rapprochera-t-il les frères ennemis (on avait eu les mêmes commentaires pour le Sri Lanka lors du tsunami !) .
Oct 092005
Pendant ce temps, solidaire, l’automne parisien s’est mis en deuil.
jardin de Belleville, ce dimanche