Au matin nous nous réveillons dans un site enchanteur. Nous sommes face au mont Ventoux, à l’abri d’une falaise abrupte couverte de chênes, de pins, de genévriers, d’aubépines. Un paysage aux reflets d’or en cet automne naissant.
Le mas est spacieux, avec son séjour au beau volume, son coin salon avec un joli feu de bois, ses chambres baptisées de destinations lointaines et décorées de souvenirs de missions. On se croirait dans un gîte rural. On se sent loin du monde. C’est pourtant là que le Groupe URD a choisi d’établir son siège et d’être à l’écoute des plaies du monde. Entre recherche et action il pose patiemment des jalons méthodologiques dans le monde balbutiant de l’humanitaire, au carrefour de l’urgence, de la réhabilitation et du développement.
C’est aussi là qu’ont choisi de vivre François Grünewald et sa petite famille (Véronique, et les enfants Robin et Marion) dans une petite maison attenante. La démarche d’un couple courageux qu’on imagine porté par une conviction sans faille. Comment concilier sinon des missions aux quatre coins du globe, une activité de recherche, le pilotage d’une équipe, la responsabilité d’un master tout en vivant en famille à une heure d’Avignon dans un mas accessible par un chemin de terre ? Chapeau bas. Je n’étonnerai personne en rajoutant que l’eau provient d’une source, que des panneaux solaires chauffent la maison, que les matériaux ont été choisis pour leurs qualités écologiques. Belle démonstration que l’on peut mettre au diapason ses idées et sa vie.
En attendant le gros de la troupe qui arrive ce soir, nous nous rendons à Vaison-la-Romaine pour les courses puisque nous avons en charge la cantine. Pas évident d’imaginer des menus pour cinquante étudiants affamés ! Pour patienter – les boutiques ouvrent à 15 h – nous franchissons le pont romain pour monter jusqu’au château des comtes de Toulouse. De là on lit nettement dans le paysage les marques de la terrible crue de l’Ouvèze qui a fait 32 morts et 4 disparus le 22 septembre 1992. Encore une fois la nature a fait payer cher la prétention des hommes à l’avoir dompté. Nous remplissons nos caddies au LIDL avant de reprendre la route sinueuse de Plaisians.
Nous accueillons nos collègues qui arrivent de nuit un peu éprouvés par le trajet avec un bon potage de légumes frais. Nuit en dortoir pour les gars, chambres pour les filles. Nous découvrons le seul défaut du gîte : il n’est prévu que pour 30 personnes !