Ma profession était en grève hier, plus précisément mon statut celui de stagiaire qui recouvre une grande diversité de situations. Génération précaire, c’est le nom du mouvement de ras le bol de mes collègues, a décidé de se faire entendre. Mission plutôt facile la presse et l’édition sont parmi les plus grands employeurs de stagiaires avec… très paradoxalement les ONG. Dans certains services il y a plus de stagiaires que de salariés de manière récurrente. La revendication porte, non pas sur la notion de stage de formation, mais sur la précarisation qui en résulte. Un véritable statut créerait un meilleur encadrement des emplois déguisés au risque de conforter le stage comme alternative à bas prix au travail temporaire et au CDD.
J’ai fini la semaine en empochant mon chèque de quelques centaines d’euros pour ce mois de novembre. La loi fixe à 30% du SMIC le montant non soumis à charges sociales. Je ne me plains pas de mon sort beaucoup de mes collègues non seulement ne sont pas indemnisés mais certains qui sont à l’étranger ont du payer leur billet d’avion ! Il est clair que si j’avais 25 ans et que je devais enchaîner pendant plusieurs années stage sur stage en ayant la conviction de prendre la place d’un emploi, il y aurait de quoi s’énerver.
Ce qui m’amuse c’est d’avoir moi-même recruté des stagiaires durant ma carrière. J’espère avoir fait en sorte à chaque fois que le rapport soit gagnant-gagnant ; que le stagiaire se soit formé tout en donnant un coup de main aux collègues qui l’accompagnaient. Il est vrai que le secteur informatique est moins précarisé que l’édition par exemple. Dans ce milieu où la demande est pléthorique par rapport à l’offre, il ne faut pas s’étonner que la dynamique concurrentielle conduise à une surenchère de précarité. Je ne vois guère dans ce cas que le législateur pour mettre un frein à cette inflation de stages-emploi.
Nov 252005