A l’invitation de ma nouvelle collègue de bureau j’assistais ce soir à une conférence du club Entrepreneuriat Social de l’ESSEC école dont elle est issue.
Définition tout d’abord. L’entrepreunariat social est le développement d’initiatives privées au service de l’intérêt collectif. Qu’est-ce qu’on range là-dedans ? Une façon d’entreprendre où l’objectif de la structure créée n’est pas la satisfaction financière d’actionnaires mais la réalisation d’un intérêt collectif à savoir : salariés, clients, fournisseurs, société, environnement… On trouve sous ce ‘label’ des formes juridiques de type coopérative, association, mutuelle mais pourquoi pas des SA ou SARL… Pas facile pour une école prestigieuse comme l’Essec de se positionner sur ce secteur qui a encore un parfum sulfureux de gauchisme autogestionnaire. Elle le fait donc prudemment. Le thème de la conférence lui-même est faussement provocateur Gouvernance : l’économie sociale est-elle plus efficace que l’économie classique ? et les invités loin d’être des agitateurs professionnels. On trouvait à la tribune :
- Daniel LEBEGUE, ancien patron de la CDC aux accents énarquiens, aujourd’hui président de l’Institut Français des Administrateurs le syndicat professionnel des administrateurs d’entreprise. Une « profession » exposée à des responsabilités de plus en plus lourde depuis l’affaire Enron. Il parait même qu’il y a pénurie de volontaires malgré des jetons de présence oscillant entre 5000 à 25000€,
- Gérard ANDRECK, Directeur Général de la Macif, qui décrit le mode de gouvernance d’une mutuelle où les actionnaires sont des clients/adhérents. Il est vrai que, comme pour le Crédit agricole et la MAIF, on ne voit pas vraiment ce qui distingue ce type d’entreprise de concurrentes de même taille du secteur de l’économie marchande, pourtant ce DG, très présent à l’ESSEC décrit un mode de fonctionnement assez différent des CA de SA,
- Jean-Luc DECORNOY, Président du Directoire de KPMG, qui livre son expérience interne de cabinet d’audit et de conseil où il faut composer avec les obligations légales de quotas professionnels pour introduire du sang externe dans les directoire et conseil de surveillance et l’expérience de ses clients pour lesquels la transparence fait encore peur,
- Bruno VANRYB, Président-Fondateur BVRP Software et Président de l’association Middlenext, au style start-up plus alerte et qui ose évoquer les responsabilités de l’entreprise non seulement face à la loi et aux actionnaires mais aussi face à son environnement (fournisseurs, clients, salariés). Il écorne au passage les contre-pouvoirs de petits actionnaires qui n’ont pour l’heure aucune préoccupation de responsabilité sociale.
Finalement sur qui une entreprise, quelle que soit sa nature, peut-elle compter pour sa gouvernance, pour faire des choix stratégiques pertinents, vérifier sa rectitude sociale, légale et réglementaire qui la rendra la plus efficace ? Les interlocuteurs mettent en avant la transparence dans la communication (sur les stock-options par exemple) et surtout l’intelligence des hommes qui la dirigent, celle de ses administrateurs, leur indépendance, leur diversité d’horizon… et refusent unanimement tout surcroît de réglementation répressive telle qu’elle est mise en place outre-Atlantique.
Sortis du CNIT à 20h30. Glaciale Défense. Féerie de lumières. Promis, je reviendrai photographier la Grande Arche par une belle nuit d’été…
Quelques liens utiles sur le sujet :
- ESSEC la chaire d’entrepreneuriat social
- ESSEC – Club Professionnel « Entrepreneuriat Social »
- SME Key : une démarche pour les PME vers le socialement responsable
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Entrepreneuriat social ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2005/11/entrepreneuriat-social/>