Déc 212005
 

Se tenait ce soir la deuxième séance de notre groupe de travail Économie et Humanisme, en comité restreint cette fois pour traiter de l’implication de l’entreprise.
A aborder les bonnes résolutions des entreprises en matière de chartes éthiques (respect du salarié, du consommateur, du fournisseur et de l’environnement), se pose vite la question de la sincérité de l’entreprise dans son engagement humaniste. S’agit-t-il de bonne volonté ou de récupération commerciale ? Voilà bien un débat auquel il faut tordre le cou sous peine de s’empêtrer. Je suis d’avis qu’à la différence de l’homme l’entreprise n’a ni conscience ni sentiment (ni en bien ni en mal d’ailleurs) ne lui cherchons donc pas une éthique intrinsèque, ontologique dirait Hans Jonas. Elle a des objectifs et des intérêts. Sa responsabilité morale est celle qu’on lui fixe, pas celle qu’elle se définit ; par anthropomorphisme il serait dangereux de lui attribuer une morale. Ce qui ne nie nullement la sincérité et l’engagement des hommes qui la composent.
Dans un contexte concurrentiel l’entreprise ne changera pas ses comportements d’elle-même. Elle le fera sous la pression de l’Etat, de ses salariés (mais ces deux acteurs ont perdu beaucoup de poids ces dernières années) et surtout sous celle des consommateurs et des actionnaires. Dans sa recherche vitale de différentiation, elle aura tendance soit à prendre de l’avance sur la loi, soit à la suivre tout en récupérant les arguments sous un angle commercial. D’où le tapage sur le bio et la mise en avant du commerce équitable dans la grande distribution ou la prolifération des chartes éthiques par exemple. En deux mots, si le client veut de l’éthique on lui en donne et si ça permet d’augmenter le chiffre d’affaires, pourquoi pas !
Ce qu’il y a d’épatant avec ces jeunes étudiants c’est que, même engagés et militants, ils savent ne pas être dogmatiques. Ma génération n’était pas si patiente ; il est vrai que le monde semblait moins complexe et que les idéologies n’avaient pas encore sombrées.



Lire sur ce thème (« Civiliser le capitalisme ») voir le n° de décembre 2005 d’Alternatives Économiques.