Quittant la bibliothèque de l’Université où j’avais trouvé refuge jusqu’à sa fermeture à 19 h je file à l’hôtel Dieu, sur cette île de la Cité sans conteste centre de gravité de Paris. Sous la lune froide, le beau patio planté d’un buis taillé de frais prend l’air glacé et hautain d’un jardin à la française.
Je me rends là à l’invitation de ma collègue de l’Association où j’ai fait mon stage. S’y donne une conférence organisée par la Fondation Ostad Elahi qui poursuit une réflexion sur l’éthique et la solidarité humaine tout à fait en rapport avec mon master.
Ce soir l’invitée, Juliette Bodrnier(?) professeur à l’Edhec, s’adresse à une trentaine de participants sur le thème de l’EMPATHIE. Mes notes.
Définition de l’empathie par opposition à la sympathie.
La sympathie est émotion ; l’empathie représentation (le monde de l’autre). La sympathie c’est partager spontanément, naturellement, entrer en résonance avec l’autre tandis que l’empathie est la capacité de décoder et d’être capable de se représenter le monde de l’autre.
Si la sympathie est du domaine du même, l’empathie est du domaine de l’autre.
La sympathie est légitime, mais partiale, elle aveugle. Il faut savoir dépasser l’émotion sympathique pour faire acte de justice. L’empathie est une compétence. Elle est donc perfectible et joue sur la capacité à se représenter le monde. C’est l’une des 18 compétences relationnelles.
C’est une compétence neutre, un « radar social ». Son utilisation peut-être positive comme négative. Les escrocs, les manipulateurs ont une capacité d’empathie très forte pour se mettre dans la peau de l’autre et déceler ses faiblesses ! Un bon vendeur aussi.
Comment acquérir et travailler l’empathie
Le secret de l’empathie est la distance. Il faut changer de point de vue sans perdre le sentiment de soi. Ne surtout pas devenir l’autre sous peine d’identification. Garder ses principes et ses valeurs. Ne pas prendre la vie de l’autre en charge.
A la différence de la sympathie ou la relation est directe entre moi et l’autre, dans l’empathie s’intercale dans cette relation binaire la simulation.
Cette simulation assimilable à la distance entre l’acteur et son rôle se met en place en deux temps :
- comprendre le schéma mental de l’autre,
- transférer ce schéma singulier à son propre monde mental.
L’empathie éthique
L’utilisation de la compétence peut se faire dans un but de bien ou de mal. Son usage renvoie à l’éthique, aux valeurs :
- de justice et d’équité : faire l’effort de passer de la sympathie à l’empathie,
- de bienveillance : se mettre à l’écoute, sortir de l’égocentrisme,
- de détachement : sortir de ses préoccupations.
L’empathie permet de voir la situation telle qu’elle est. C’est un formidable outil de connaissance et de transformation de soi. Pour prendre conscience de nos émotions il faut se poser deux questions :
- Comment est-ce que je vis cette émotion ?
- Quel impact la situation a sur mon état émotionnel ?
Loi psychologique : quand on travaille sur une compétence cela va avoir des répercussions sur l’ensemble de la personnalité :
- altruisme
- écoute
- compassion
- bienveillance
- compréhension
- tolérance
- …
L’empathie est lutte contre l’égoïsme et l’égocentrisme, lutte contre la naïveté.
Pratiques de l’empathie : la réceptivité
Quelques techniques :
- dans sa vie quotidienne, entendre sa façon de parler, observer ses attitudes…
- repérer les jugements automatiques et les émotions
- pratiquer l’écoute attentive (Karl Rogers)
- prendre le temps d’écouter l’autre
- prendre soin de voir nos réactions auto-centrées (ne pas dire oui moi aussi…)
- être visiteur dans le monde de l’autre
- sortir de soi pour aller chez l’autre
- écouter et voir les indices de son monde
- observer nos jugements
Bibliographie
Karl Rogers : ouvrages généraux
Daniel Goleman : L’intelligence émotionnelle Tome 1
Plutôt que le tome 2 préférer : Richard Boyatsis et Daniel Goleman : L’intelligence émotionnelle au travail
Prochaine conférence : le 22 mars 20h, même lieu. Thème : l’amitié.