Hier, malgré la neige j’ai enfin découvert le lac de Créteil situé à 5 mn de l’Université au-delà de la route de Choisy. Un bel endroit pour casse-croûter au printemps mais un lac des cygnes qui s’annonce funeste sous la menace du H5N1.
Cet après-midi, deuxième séminaire étudiant culture et éthique. Autour d’une nouvelle et grave question : la société du XXIème siècle est-elle condamnée à être une société de consommation et de marché ?
Quelques notes d’une série d’exposés très denses.
Nos collègues ont fort bien démontré et illustré la puissance de l’économie de marché fondement « technique » de la société de consommation avec comme dialectique centrale la question anthropologique du désir et du besoin de consommation.
Selon René Girard commente notre enseignant, le désir mimétique (mimesis) conduit à la violence sociale. Cette violence aurait été régulée par trois mécanismes historiques successifs :
- régulation par le sacré (le sacrifice et le mythe)
- régulation par le contrat politique (l’individu et les autres)
- régulation par le marché (où tout le monde à tout)
Hélas, même cette dernière a sa limite qu’est la frustration, l’insatisfaction perpétuelle. Comme l’écrivait Frédéric Beigbeder «les gens heureux ne consomment pas». Alors quelles alternatives à une société dont la critique elle-même renforcerait le pouvoir ? Quelques pistes fournies par nos collègues étudiants :
- L’éco-économie globale
- Le ralentissement de la croissance
- La décroissance conviviale (marché-auto-gestion)
- La libération de nouvelles forces productives immatérielles (productions alternatives, suppression de la monnaie)
- Le développement durable
- Les énergies renouvelables
- L’éco-responsabilité (bio, légumes de saison…)
- L’exemple fournit par les peuples autochtones
Le challenge n’est pas de supprimer la société de consommation mais de la maîtriser puisque personne n’est près à la faire disparaître et de remettre le système économique au service du social et non l’inverse.
Visite recommandée : Peuples, 100 photographies de Pierre de Vallombreuse du 01 février 2006 – 07 mai 2006 au Musée de l’Homme.
Extrait de 99 francs de Frédéric Beigbeder « « Je suis le type… qui vous fait rêver de ces choses que vous n’aurez jamais. Ciel toujours bleu, nanas jamais moches, un bonheur parfait… Quand, à force d’économies, vous réussissez à vous payer la bagnole de vos rêves… je l’aurai déjà démodée.… Je m’arrange toujours pour que vous soyez frustré… Je vous drogue à la nouveauté… il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente… Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas… » « Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles, mais il ne faut jamais oublier qu’ils le sont… » »