Après-midi consacrée à Omar Amiralay pour vérifier les propos tenus samedi sur France Culture.
Il y a trente-trois ans, Omar Amiralay était un inconditionnel de la modernisation de son pays, la Syrie, au point de consacrer son premier film au barrage de l’Euphrate, fierté du parti Baas au pouvoir. Aujourd’hui, il regrette sa croyance aveugle dans le socialisme arabe. Amiralay retourne donc à El Machi, une bourgade bâtie sur le lieu de la construction du barrage qui noya la vallée et ensevelit les villages. Il y rencontre le gouverneur (également chef de tribu), son neveu (directeur de l’école et responsable du parti) et de jeunes écoliers élevés dans la plus pure tradition maoïste. Enfermés dans leur idéologie, les personnages semblent prisonniers d’un temps et d’un espace inchangés. Le mot liberté, un des principes enseignés par le parti, sonne faux et les hommages aux dirigeants scandés par les enfants créent un singulier malaise. Chaque plan dégage une puissante charge symbolique qui traduit tantôt avec cruauté, tantôt avec humour, la désillusion du réalisateur. Déluge au pays du Baas (Toufan Fi Balad Al Baas) est une oeuvre forte, une critique de l’intérieur, impensable il y a 5 ans.
Lire la critique de Nathalie Galesne sur BabelMed