Dans le cadre du festival Cinéma du Réel (entendre par là documentaire et non reality show), j’ai visionné deux regards sensibles sur l’immigration.
Dans La traversée on tangue entre Marseille et un Alger invisible. « La vie c’est comme l’oignon, tu pleures en l’épluchant» nous confie ce vieil immigré, chéchia vissée sur la tête. Ils en ont perdu des pelures celles et ceux qui s’abandonnent à la caméra d’Elisabeth Leuvrey dans le sillage de ce bateau de la SNCM. Dans cet entre deux rives, cet espace hors frontière chacun dévoile sa France et son Algérie. Avec force, désarroi, contradiction, toujours beauté. J’ai retrouvé là l’ambiance de ma traversée de 2004.
Dans Ado d’ailleurs de Didier Cros, c’est un destin individuel qui s’ébauche dont on ne sait de quel avenir il sera. L’histoire de Yassine, échoué seul depuis Kaboul, Afghan de 17 ans perdu mais fier. On le suit apprenant le français, errant avec des compatriotes, accomplissant son parcours du combattant pour obtenir un asile. Regard décalé mais lucide. En exhibant son épais classeur de paperasse administrative, patiemment rangée dans des pochettes crystal, il a ce commentaire amusé : « La France c’est le pays des papiers« .
La brochure du festival Cinéma du Réel. Du 13 au 18 mars 2006. BPI.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « La vie c’est comme l’oignon ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2006/03/la-vie-cest-comme-loignon/>