A l’aube, des oeufs aussi brouillés que mon esprit accompagnent notre descente sur Johannesbourg qui s’éveille par zéro degré. L’hiver austral existe bel et bien. En traversant l’Afrique du nord au sud me voila passé en une nuit de la fin du printemps au début de l’hiver. Dans cet aéroport de Joburg aussi aseptisé que celui de Dubaï je suis condamné à patienter jusqu’à 13 h grogui et somnolent. Maputo n’est plus qu’à 50 mn d’un vol cruel. Si frontière du développement existe c’est entre l’Afrique du sud et le Mozambique qu’elle s’illustre le mieux. A l’ouest de ce tracé artificiel si cher à nos Etats-Nations, de vastes champs verdoyants, d’immenses fermes, un grand barrage. C’est l’ancienne patrie de l’apartheid. A l’est un sol brun, désertique, brûlé, inhospitalier. C’est ma terre d’accueil que nous survolons jusqu’à l’Océan indien là où se tient suspendue, la blanche Maputo.
lci au moins, la route de l’aéroport ne vous cache rien de la misère du pays : canal d’eau usée, bidonville de parpaings et de tôles, petits vendeurs de rue me voilà déjà au coeur de mon sujet. Manuel me conduit au bureau où m’accueillent très chaleureusement Oumou, Enoque et l’équipe de permanents.
Découverte de mon appartement. Farida la propriétaire veille au derniers coups de pinceaux. Je m’offre une promenade en ville. Maputo la nuit c’est Nairobi version bon enfant. Les petits cafés, la musique, la langue, les meticais, les supérettes indiennes, je note, je note fébrilement ce qui me saute à la figure. Et encore… la ville mi-cahotique mi-policée, les villas portugaises, les rues défoncées, la fraîcheur du soir, les coupures d’eau, l’électricité pré-payée, les moustiques, l’insécurité….
Tout cela j’aurai le temps d’y revenir durant ces six prochains mois mais je note mes étonnements avant qu’ils ne deviennent banals
Juin 062006