Samedi matin studieux à la bibliothèque du Centre Culturel Franco-mozambicain qui, à la différence des CCF du reste du monde, obéit à un statut bi-national. Le président de son Conseil d’administration est alternativement le Ministre de la culture mozambicain et l’Ambassadeur de France au Mozambique. L’espace de 6000 m² est splendide. Dans son écrin ombragé l’élégante bâtisse coloniale du CCFM dispose d’un restaurant, d’une grande salle de concert en plein air, d’une boutique, d’un café-internet et d’une bibliothèque. Ajoutons qu’il est situé face à l’hôtel de ville.
En bon étudiant je m’inscris. Je me plonge dans une collection publiée par les Editions de l’Œil et intitulée les Carnets de la création dont le pari de chaque volume est de faire découvrir un artiste méconnu en 28 pages d’un format poche. Et c’est plutôt réussi. Cinq volumes de cette collection concernent des photographes mozambicains et ont été réalisés en collaboration justement avec le CCFM. Inventaire et impressions.
Le dénominateur commun de ces artistes est évidemment l’histoire de ce pays broyé par la colonisation, les conflits, la pauvreté. Les photographes n’échappent pas à cette réalité.
- Ricardo Rangel, né en 1924, est un peu le doyen de cette lignée de photographes. Son oeuvre fait une grande place aux enfants, leur maltraitance et leur pauvreté. Chaque cliché est une arme contre le colonialisme.
- Rui Assubuji né dans les années 60 dans la région du Cabo signe des portraits de gens modestes moins violents et plus expressifs.
- Luis Basto (1969) introduit la couleur et s’intéresse moins aux êtres qu’aux ambiances. Je découvre un reportage de nuit qui fait regretter le piètre choix de photos pour le livre « Maputo – Voyage au Mozambique. » qu’il a illustré.
- Mauro Pinto de la jeune génération photographie la modernité, la ville-banlieue en devenir aux contours incertains, la reconstruction,
- Sergio Santimano le moins mozambicain des cinq s’éloigne du reportage. Il fait place à la sensualité. Ces scènes adoucies racontent une histoire, dégagent une force.
Un dernier volume de la collection est consacré au sculpteur Titos Mabota dont l’oeuvre intitulée Africa Hammer est une voiture encastrée dans le mur du CCFM. Pays fracassé disions-nous ?