Déformation professionnelle et signe des temps, les puces n’étaient pour moi que des composants électroniques miniaturisés. Celles de Saint-Ouen auraient dû me mettre la puce à l’oreille. Il existe bien une acception première du terme qui s’est rappelée brutalement à moi ce matin et dont il faut se méfier. Nous convoitons depuis près de deux mois un bel immeuble abandonné dans Maputo pour installer le Siège de notre réseau de micro-crédit ainsi qu’une agence. Après plusieurs visites tantôt entre nous, tantôt accompagné du propriétaire ou de l’architecte il demeurait toujours impossible d’accéder à l’arrière de l’immeuble attenant au jardin et dont le plan révèlait un joli emplacement pour une salle de réunion. A force d’insister nous avons obtenu ce matin l’ouverture de cette chambre de Barbe-Bleue. C’est une belle salle que nous découvrons où sont entreposés une vingtaine de WC neufs emballés dans de la paille. Nous piétinons joyeusement le sol, imaginons l’emplacement d’un coffre-fort, examinons la future circulation des personnes, les aspects de sécurité… quand chacun commence à se gratter, discrètement d’abord puisque ce genre de contingence n’est pas de celles que l’on manifeste naturellement dans un cadre professionnel. Sitôt sortis de la pièce les picotements deviennent grattements puis brûlures intenses. Nous voilà entamant une danse de Saint-Guy. Il faut se l’avouer, les petits insectes noirs qui nous assaillent sous la chemise, le pantalon, le visage sont des puces ! Elles sont des centaines. On s’épouille mutuellement puis chacun rentre vite aller se débarrasser de ce fléau avant qu’il n’infeste maison et bureau. Sous la douche, je dénombre près de cinquante morsures et nul Synthol pour atténuer la douleur. C’est sûr, dès que nous rencontrerons le propriétaire nous lui secouerons les puces. Mais comme disait Henri Michaux, « il n’y a pas de preuve que la puce, qui vit sur la souris, craigne le chat.
Sep 132006