Hier soir j’ai assisté à la projection du « banquier des Humbles» diffusé dans le cadre de Dockanema. Ce documentaire est tout à la gloire de la Grameen Bank la première institution de micro-crédit fondée par Muhammed Yunus au Bengladesh. Ou plutôt de son génial gourou que l’on suit sur ses terres hélas sans trop comprendre comment tout ça fonctionne. Trop de discours lénifiants, de clients béats, d’autosatisfaction pour trop peu de démonstration. Une vache sacrée approuve même sa mise en gage ! Mes collègues Acacio et Ernesto, qui ont pris le temps de venir après le travail, ont trouvé néanmoins épatant qu’une telle banque puisse réunir deux millions de clients. Ils voyaient déjà en chaque habitant de Maputo un client potentiel de notre institution.
J’ai trouvé bien plus passionnant «Nos amis de la Banque» un documentaire projeté lors de la même séance qui montre comment se passe – au plus haut sommet – les rapports entre les États et les institutions de Bretton Woods, Banque mondiale et FMI. On est cette fois sur du macro-crédit pourrait-on dire. Même si l’on peut espérer que les pratiques ont évolué (le film date de 97) ça reste sidérant. L‘exemple choisi est celui de l’Uganda de Museveni. On voit des conseillers de la Banque Mondiale s’inviter sans protocole chez le Président ougandais, son ministre des Finances ou de la Défense et imposer tranquillement les fameux ajustements structurels en échange de prêts. Les affirmations de souveraineté des Ougandais pèsent bien peu contre les dollars. Les plans rapprochés, les silences, les propos apparemment anodins accentuent la suffisance, le mépris et l’incompétence des personnages des deux camps. Je me demande comment les protagonistes pris sur le vif ne se sont pas sentis ridicules en voyant leur piètre prestation dans ce film !
(*) «Le banquier des Humbles», Amirul Arham,France/Bangladesh, 2000, 52’.
(**) «Nos amis de la Banque», Peter Chappell, France/Grande-Bretagne, 1997, 90’.