Le plan de mes six dernières semaines est dressé. Ce sera migration des anciennes bases de données, personnalisation du logiciel, préparation de la formation, formation et démarrage d’une caisse même si les locaux ne sont pas totalement prêts. L’équipe travaille plein pot sur le toilettage du fichier clients qui en a bien besoin. L’informaticien s’intègre à l’équipe ce qui est parfait. C’est même essentiel car à l’issue de ces six semaines mon successeur devra être autonome. La viabilité d’une institution passe aussi par la capacité du personnel à travailler sans appui externe systématique. Une étude de Planet Rating(*) sur un acteur majeur de la micro-finance mozambicaine (la Socremo) met en évidence ce déficit en préambule en précisant combien la présence d’un grand nombre de consultants étrangers dans cette institution altère la perception de sa viabilité.
Le développement de compétences ne va pas de soi dans un pays où le secteur privé balbutie. Une bonne formation n’est de loin pas un critère suffisant de professionnalisme. Il faut que s’ancre au sein du pays une culture du management, au sens de la gestion d’entreprise, relativement homogène basée sur :
- le sens de la stratégie et de l’objectif
- une compréhension claire des grands pôles d’une entreprise (finance, RH, technique, commercial, production…)
- une clarification des rôles pour limiter la polyvalence brouillonne afin que chacun puisse approfondir son métier sans se disperser
- la généralisation de pratiques reconnues dans chaque métier gage d’efficacité et propre à faciliter la mobilité inter-entreprise facteur d’innovation.
Tout ça ne s’acquiert pas en un jour surtout dans un pays marqué par des années de culture administrative et non commerciale.
(*) Planet Rating est une agence de notation spécialisée en microfinance. Elle illustre le haut degré de technicité et d’expertise que la profession a atteint.