António Souto, ancien journaliste, et actuel président du Gapi(*) citait dans Savana les propos que Muhammad Yunus lui tenait en 1998.(**)
«Ne dépend jamais du moindre donateur… Leur agenda est complexe et là, jamais un pays pauvre comme ton Mozambique pourra avoir quelque voix.
Collabore avec les gens de ton pays de formes avantageuses plutôt qu’avec l’industrie internationale des consultants. Pour eux [consultants et représentants des donateurs] la pauvreté est une industrie… politique et financière… c’est leur raison d’être.»
C’est une critique du «development business» (***) qu’on entend couramment. Une critique qui fait mouche mais dont la facilité frise la démagogie. Oui il y a des travers dans l’aide internationale, oui il faut les dénoncer. Mais faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? Disposons-nous d’une alternative crédible aux institutions internationales pour traiter une question aussi complexe et mondiale que la pauvreté ? La multiplication d’initiatives privées même mues par les meilleures intentions ne changera pas globalement la maldonne économique. Les cris d’orfraie des cassandres de tout poil encore moins. Ils inviteraient plutôt à la politique de l’autruche. Les stratégies des institutions doivent faire l’objet d’un réel débat public, d’une plus grande implication des peuples à leur élaboration pour sortir du huis-clos des consultants. Car il n’y a pas une solution, mais des choix à faire, des priorités à donner, en bref une politique à définir, politique qui dolt dépasser les opportunismes. Quand donc le développement s’invitera-t-il au débat des politiques nationales en Sarkolènie par exemple ? Le mouvement altermondialiste est à ce propos intéressant s’il parvient à sortir de sa marginalité institutionnelle. Comme l’écologie en son temps qui a fini par inspirer les politiques au risque il est vrai de perte de sens par récupération facile.
(*) Gapi : agence mozambicaine de crédit pour petites entreprises
(**) Muhammed Yunus, um testemunho, Savana, 20/10/2006, p. 40. Traduction personnelle.
(***) par analogie au «charity business»