Les cités éternelles sont belles par tous les temps. Istanbul est de celles-là. Tout aussi impressionnante au soleil, sous la lune, que dans ce petit matin gris de décembre. Au fil des voyages j’avais oublié que la belle ottomane était d’abord une étonnante collection de mosquées à dômes, de tombeaux monumentaux dont d’étroits minarets cadencent les courbes aériennes dans la brume. Dès 8h nous visitons impatients et solitaires la Mosquée bleue, l’hippodrome et Sainte-Sophie avant de gagner le pont de Galata rendez-vous des pêcheurs. De Karaköy nous gagnons Tophane et ses dizaines de cafés rendez-vous d’amoureux frileux.
Toujours à pied, nous grimpons au Grand Bazar par le marché aux épices avant de prendre un narghilé dans le jardin d’une délicieuse madrasa(*). A l’intérieur d’une salle octogonale des Turcs silencieux et concentrés poussent les pions d’un jeu de tavla. Quiétude. On est loin de l’ambiance des cafés d’Europe ou du Maghreb dans ce quartier d’affaire, où l’on croise plus de chats(**) que d’enfants. Les touristes se comptant sur les doigts d’une main les commerçants ont renoncé à aborder les visiteurs pour notre plus grand bonheur. A Taksim, la nuit tombée c’est une tout autre ambiance. Boutiques chics, MacDonald, cafés mode et boites de nuit trahissent une Turquie résolument tournée vers l’Europe.
(*) Çorlulu Ali Paşa Medresesi (Erenler Nargile Salonu).
(**) Il est curieux de voir combien les Stambouliotes affectionnent les chats.