Je n’avais pas terminé de rédiger le message précédent (Paris engloutie) que je recevais des nouvelles dramatiques de Jakarta. Je sais pas si vous avez remarqué mais c’est fou ce que des informations présentées comme rassurantes peuvent être alarmantes ! Myriam me donnait de ses nouvelles par un canal du dernier secours sur son sort et celui de la communauté française en Indonésie qui disait « surtout n’essayez pas de nous joindre car il n’y a plus de téléphone ni internet, plus aucun réseau ne fonctionne » pour le moins angoissant. Effectivement, huit heures plus tard mon SMS n’était toujours pas parvenu à sa destinataire.
La situation, si dramatique soit-elle, est intéressante parce qu’elle a à voir avec nos derniers propos.
L’Indonésie. Voilà un pays durement éprouvé. On se souvient de Bandah Aceh rasée par le tsunami, de la grippe aviaire et de la dengue. Et bien voilà qu’il lui faudra compter dans son registre des calamités « naturelles » le réchauffement climatique. L’archipel indonésien est menacé de perdre 2.000 îles d’ici 2030 en raison de la fonte des glaciers, a affirmé lundi à Jakarta le ministre de l’Environnement indonésien. Il parlait juste avant le déluge qui vient de s’abattre sur la ville et qui semble illustrer les sombres prévisions des experts réunis à Paris. Il est impossible de dire quelle est la responsabilité du réchauffement dans cette inondation mais on indique que c’est la plus importante de l’histoire de Jakarta.
La capitale de l’Indonésie est une mégapole de dix millions d’habitants construite sur des marais, au niveau de la mer, au pied de collines. Elle « bénéficie » d’un climat tropical de mousson. Surpopulation, habitat précaire, urbanisme ignorant les risques…Il n’aura pas fallu plus de deux jours de pluies ininterrompues pour que des mètres d’eau s’accumulent dans la ville et que l’on parle de plus de 300 000 sans abris, de dizaines de morts, bilan sans doute largement sous-estimé. Encore une catastrophe humanitaire qui confirme que les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles sont aussi les moins à même de se défendre. Du coup, ils en subissent les conséquences les plus fortes. On comprend mieux que l’Indonésie ait été retenue pour accueillir la prochaine conférence sur le changement climatique, en décembre 2007 à Bali.
Et pendant ce temps, à Paris, sous un soleil printanier, les titis glissent sur une glace artificielle !