Dans ma quête de citoyenneté je me suis rendu à la réunion publique trimestrielle de mon Conseil de quartier. Çà n’a rien d’une réunion amicale entre voisins. C’est très officiel. Mis en place dès 1995 par la Mairie de mon arrondissement, avant de faire l’objet d’une loi en 2002, c’est un lieu d’échanges entre les habitants, les associations et les élus. Il en existe forcément un si votre ville compte plus de 80 000 habitants. C’est un dispositif de démocratie participative qui vient compléter la forme traditionnelle de démocratie (la représentative) par laquelle nous chargeons nos élus de gérer notre environnement sur la foi de grandes orientations politiques ; une gestion par délégation sans poids réel dans la mise en oeuvre pratique de ces orientations. En complément, le Conseil de quartier a pour vocation d’inciter à la participation. C’est une instance permanente composée de 39 membres : 13 habitants du quartier tirés au sort sur les listes électorales, 13 désignés parmi les élus du Conseil d’arrondissement et enfin 13 autres choisis parmi des personnes représentatives de la vie associative, culturelle, économique et sociale du quartier. Les conseillers font un travail approfondi en commissions thématiques auxquelles les habitants sont invités à se joindre. Le Conseil de quartier dispose depuis 2001 d’un budget annuel pour réaliser des projets spécifiques. La réunion trimestrielle publique de ce soir rassemblait le Maire, un adjoint, des employés de la Ville, les membres du Conseil et les habitants du quartier qui le souhaitaient.
Concrètement de quoi avons-nous parlé hier ? Je vous livre mes notes non pas pour le fond – qui n’intéressera que mon voisinage – mais pour illustrer tant le travail important réalisé par ces Conseils que la complexité de gestion d’une commune.
La séance a débuté par des questions aux élus.
- Médiation avec l’OPAC sur un secteur : la mairie est appelée pour rétablir le dialogue entre les habitants et le propriétaire en raison de menaces de déménagement
- Graffitis : la maire de Paris (c’est une exception) n’a pas de pouvoir de police (commissaire ou préfet)
- Aire de jeux du Jardin de Belleville. Appel d’offre infructueux. Une société agréée a enfin été trouvée, les travaux seront réalisés d’avril à septembre 2007
- Difficultés à joindre le pôle démocratie
- Piscine rue Dénoyez. Sera livrée fin 2008. Elle sera en gestion directe par le XXe. arrondissement. Comment seront gérées les priorités d’accès (écoles, retraités…) ? Le sujet sera traité dans les prochains mois. Pour éviter le macabre jeu de mot la rue pourrait être rebaptisée rue des frères Dénoyez.
- Hôtel des Postes de la rue Ramponeau. Il sert aujourd’hui d’entrepôt pour les travaux de la piscine. Il reste à inventer un projet pour 2009 (économique, culturel, associatif…). Un groupe de travail va être constitué. « Ce sera la vitrine du quartier de Bas-Belleville qui sort enfin de la la grande difficulté. » dixit Michel Charzat.
- Rénovation de la passerelle rue de la Mare : à l’étude avec la rénovation de la rue Eupatoria
La séance s’est poursuivie par une information à vocation pédagogique sur ce qui s’appelle « la Politique de la ville ». C’est une expression qui a un sens très précis. La politique de la ville vise à réinsérer durablement dans la ville les quartiers en difficulté. Pour cela, elle traite avant tout les facteurs à l’origine de l’exclusion urbaine et sociale dont souffrent ces quartiers. Un thème qui a toute son importance dans le XXème arrondissement. Les quartiers parisiens visés à l’origine sont la Goutte d’or et Belleville.
La jeune et dynamique équipe de quatre salariés qui pilote cette politique dans la vingtième ont le langage rodé d’experts en développement local. Ils nous présentent chacun une de leur spécialité. Ce travail de fonds pas toujours visible, consiste à définir et accompagner des projets, faire naître des partenariats à partir de diagnostics de situation et trouver des financements.
En 2006, 74 projets ont été portés par 38 associations pour un montant de 700 k€. Quelques unes des réalisations de l’équipe :
- la maison des sources (proche dans l’esprit des maisons vertes pour enfants de Dolto).
- la maison Ayam Zaman (accueil des retraités immigrés),
- Amélioration du cadre de vie
– éducation à l’environnement en collaboration avec les associations la Case et les Petits Débrouillards
– éclairage public - Emploi : formation aux métiers du son pour 15 jeunes en difficulté (40% de CDD à l’issue)
- Santé : implantation de 2 structures
– Sémaphore : santé mentale, accompagnement de parcours.
– AMSK (Association Maison Soundjeita Keita) : intègre le culturel dans l’approche
Le dernier temps fort était l’évocation de l’actualité des projets.
- Parc de Belleville : ré-aménagement aire de jeu, toilettes du parc
- L’acquisition de la parcelle Kemmler : nuisance, squat… en attente de vente du propriétaire
- Les travaux de la place Alfonse Allais en février (arbres le long de l’école pour la gardienne)
- Place Fréhel : étude spécifique de ré-aménagement
- Passage Mare-Cascade : négo OPAC – ville
- Jeu de boule à Notre Dame de la Croix : besoin d’une association
- Cité Antoine Loubeyre : vendue à un promoteur immobilier. Travaux en cours.
- Travaux de voirie : rue Eupatoria (budget acquis de 567 000 €)
En deux heures voilà une vulgarisation de la vie communale qui m’a fortement impressionnée par le sérieux des travaux et le caractère pédagogique. Nous n’étions hélas qu’une cinquantaine de participants réunis dans la salle de sport de l’école Etienne Dolet. Il faudra du temps pour que les citoyens se ré-approprient leur espace !
Pour en savoir plus
Démocratie locale dans le XXème sur le site de la mairie. On remarquera qu’il existe trois autres formes de participation :
- Conseils d’arrondissement
- Conseil de la jeunesse
- Conseil Municipal des enfants
Le journal des Conseils de quartier du XXème arrondissement Sept ici
Le blog du quartier Belleville : http://www.blog.belleville-paris.info/