Yves Traynard

On ne peut que déplorer les conditions d’accueil de l’exposition «Trésors du musée de Kaboul». L’inestimable valeur de ces collections mériterait meilleur traitement de son public. C’est d’abord trois files d’attente interminables : à l’extérieur du musée Guimet pour acquitter son entrée, à l’intérieur pour pénétrer dans l’expo et enfin pour approcher le clou de l’exposition : un choix éblouissant de bijoux et d’objets provenant de six tombes de Tilla Tepe. Ne comptez pas une fois le billet en main aller attendre votre tour à la cafétéria ou dans les collections permanentes. Pour le Guimet, cette expo se mérite, il vous faudra patienter probablement une heure dans l’escalier obscur du sous-sol. Dans les salles, les légendes souvent illisibles sur les vitrines brillent plus par leur jargon (ichtyomorphe, hermaïque…) que par leur pédagogie ! Dans ces conditions le livre d’or n’est qu’un triste cahier de doléances. D’ailleurs il est plein et on n’a pas jugé bon lui ajouter des pages.

Ces collections qui ont traversé les vicissitudes de l’histoire témoignent du rôle charnière de l’Afghanistan. Un héritage riche de sens dans le contexte du pays. Les fouilles des quatre sites archéologiques majeurs (Fulol, Aï-Khanoum, Tillia-Tepe et Begram) entre le 2ème millénaire av. J.-C. et le 2ème s. ap. J.-C. ont livré des pièces d’un raffinement extraordinaire synthèse de l’art des peuples mésopotamien, grec, chinois, des steppes, de l’Iran et de l’Inde… quand elles ne sont tout simplement pas importées témoigant d’une grande vitalité des échanges. Un grand mausolée d’Aï-Khanoum, ne porte-t-il pas intacte cette célèbre maxime delphique :