Toujours à l’affût de ce qui forme notre représentation du monde, je me suis avalé les 90 mn de Pékin express(*) le reality-aventure de M6. Le principe de cette deuxième édition de l’émission : faire vivre au téléspectateur un rallye opposant dix couples entre la capitale chinoise et Bombay. Sur fonds de rencontre des peuples, de découverte des cultures on suit des stoppeurs stressés qui doivent – au risque d’être éliminés – rejoindre par tout moyen l’étape. On stoppe les automobilistes, on se fait offrir le gîte et le couvert… c’est l’aventure, la grande, un remake de la route mythique… mais avec voiture balai, GPS, téléphone satellite, cameraman et cadreur ! On ne voit que des bas-côtés de route, des habitacles de voiture, des appartements la nuit. Les échanges avec l’habitant se limitent à un mot« Sei ! Sei » (merci).
Bref si on apprend quelque chose c’est sur les concurrents et non sur le pays. Comble de mauvais goût les équipes disposent d’un dollar par jour pour leur aventure. Comme par hasard c’est justement le seuil de pauvreté de référence de l’ONU. Rassurez-vous on ne pleure que sur les concurrents éliminés, leur souffrance physique (« j’ai rien dormi ») ou psychique (« je vais craquer »). On ne saura rien des banlieues traversées, ni de la vie des hôtes chinois, des travailleurs qu’on entrevoie sous une tente, des restaurateurs… Finalement ces reality-show étaient mieux dans leur huis-clos du Loft et de la Ferme. Au moins ils ne mentaient pas sur la réalité de leur environnement.
(*) Téléchargeable sur le site M6 (mention par pure honnêteté intellectuelle)