Je pars en Asie. Certains seront surpris de cette destination et plus encore de mon activité. Je ne suerai pas pour le compte d’une ONG dans une blessure du monde, je ferai du tourisme pour trois mois en Asie du Sud-Est. J’entends déjà : «eh bien, il s’embête pas celui-là ! Mais alors ce Master de Gestion humanitaire tout juste décroché c’était pour se dorer au soleil des Tropiques ?»
Non, rassurez-vous je ne suis pas devenu brusquement désabusé, cynique et revenu de tout. Au contraire. Le voyage que j’entreprends est le support d’une réflexion sur le tourisme que j’ai en tête depuis quelques années et qui a mûri au cours de ma récente formation universitaire.
Au départ il y a un constat. Que l’on voyage en individuel ou en groupe, en France ou à l’étranger, nos centres d’intérêt culturels sont tournés principalement vers le passé : les monuments, les musées, l’artisanat, le folklore…
Dans ce tourisme-là, des sociétés que nous côtoyons, qu’apprenons-nous vraiment ? Des profondes mutations qu’elles vivent que savons-nous ? Modes de vie, logement, religion, administration, économie, famille, mobilités et mixités sociales, développement…
Rien, si peu ou pire des clichés teintés d’un folklore daté qui se trouvent légitimés par le voyage. Curieusement touristes et hôtes participent de cette mise en scène. Alors me direz-vous après tout est-ce grave si tout le monde y trouve son compte ?
A l’heure où le monde rétrécit, où l’interdépendance des économies est de plus en plus forte, nos choix ne concernent plus seulement notre périmètre hexagonal voire européen mais l’ensemble du monde. Pensez à la consommation, au réchauffement climatique, aux flux migratoires, aux épidémies, aux délocalisations, au développement, à la pauvreté, à la stabilité internationale autant d’enjeux pour lesquels nous sommes mal préparés lorsqu’on nous somme d’agir ou de nous taire. La complexité croissante de nos modèles, leur transformation permanente s’accordent mal de théories prêts-à-porter. C’est pour ces raisons qu’il me paraît utile de faire du voyage une opportunité pour comprendre notre monde contemporain.
Connaître pour mieux penser et agir, telle serait la devise de cette curiosité nouvelle de voyageur ; donner un sens à la « rencontre des peuples » cette accroche marketing trop souvent vide de sens.
S’intéresser à quoi, comment, avec qui, où, tels sont quelques uns des termes de l’enquête que je vais réaliser les trois prochains mois, en essayant de concrétiser ma démarche par des exemples précis.
Qu’on ne se trompe pas. Mon but n’est pas de substituer un tourisme du passé par un du présent mais d’agir en complémentarité, pour un enrichissement des centres d’intérêt en voyage.
Que ceux que je ne pourrais voir avant de partir me pardonnent. Ce n’est que partie remise. Nous nous rencontrerons à partir de mi-juillet, si le tourisme ne vous a pas à votre tour éloigné. Les pages de ce blog illustreront certaines de mes réflexions inspirées par ce voyage asiatique. N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires si cette réflexion vous interpelle.
Bonne lecture, désolé si c’est parfois (souvent !) aride…