Avr 222007
 

Singapour, Vue du Mont Ferber, le détroit (c) Yves Traynard 2007

Va pour un dimanche à la campagne ! À Singapour ne rien espérer de sauvage, ni se perdre dans une forêt vierge. Ce petit territoire ne laisse rien à l’imprévu. Tout est millimétré et mieux vaut être motorisé pour gagner les champs. J’ai sué 3/4 h. de macadam pour atteindre les allées soigneusement entretenues du mont Faber, point culminant de l’île à… 116 m d’altitude. Pas question de s’y perdre. Les rares sentes bien délimitées font au plus un kilomètre. C’est fleuri, très vert totalement «under control». On a réussi là la pleine domination de l’homme sur la nature. Du moins on l’espère. Est-ce le laboratoire «du complot» (celui de la théorie du même nom), le meilleur des mondes de l’après-pauvreté, des après-guerres dont on rêve pour notre 21e s. ? Sans doute pas. Mais le sujet mérite sa place dans un voyage au présent.
Le sommet se prête tout à fait à un exposé sur le thème de la maîtrise du territoire cher à ??? La vue embrasse la City avec ses immeubles futuristes, les HCB (?) HLM locaux proprets et de l’autre le détroit qui continue à faire la fortune de Singapour. Au premier plan le port de passagers, derrière Sentosa, île jardin qu’on gagne en téléphérique, dysneylandisée à souhait, enfin au-delà les îlots dédiés aux activités polluantes : entrepôts d’hydrocarbures, usines… Singapour, Vue du Mont Ferber, la City(c) Yves Traynard 2007
J’imagine qu’une partie de ce que je porte sur moi et acheté a Paris à sans doute transité par ce détroit incontournable entre la Chine et Suez au fonds d’une cale.
Passé l’après-midi à Kampong Glam, le vieux quartier malais dont la mosquée et le palais du Sultan constituent le coeur. On y répète que la Cie des Indes a versé quelques milliers de dollars pour son érection. La colonisation ici est toujours présentée sous un jour positif. Ça surprend et ça nécessiterai là aussi commentaires éclairés. Le modeste musée est dédié à la communauté malaise. Avec une vitrine sur les Malais du Cap. J’ai bien sûr pensé aux ancêtres de mon ami Ashraf rencontré en Afrique du Sud en 1987. L’histoire est parfois circulaire. Il tient aujourd’hui un restaurant à Londres. S’il vient un jour à Singapour la boucle d’une dynastie sera bouclée.
D’une amitié de voyage l’autre. J’ai rencontré au très convivial restaurant marocain de Kampong Glam(*) S., un Rabati du 93, éminent et très sympathique chercheur d’une université singapourienne. J’ai peur que le résultat de nos élections dont le premier tour se déroule aujourd’hui ne lui fasse préférer à jamais les Tropiques. A force de tirer les budgets de la recherche et de faire de la discrimination négative faudra pas s’étonner que l’exode des cerveaux français se poursuive. Singapour et la R&D;, tient un nouveau sujet du voyage au présent. Bon j’arrête, ça tourne à l’obsession.


(*) Delimorroco. Café-Restaurant marocain. Bassorah St. Près de la mosquée du Sultan. Thé à la menthe et tajine. Bon et bon marché.