On a découvert il y a peu que les migrations Sud-Nord n’étaient rien comparées à celles entre pays du Sud. L’argument est largement relayé en France par les organisations de défense des droits des migrants comme pour relativiser la question française. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que ce soit une stratégie très payante. Mais revenons à la Malaisie. Ce pays émergent, à grand besoin de main-d’oeuvre dans les usines et les services. A midi j’ai déjeuner dans un restaurant thaï tenu par un Chinois de Malaisie. Mon serveur était un Népalais. Quelle cuisine ethnique ! Le rêve de ce jeune Népalais débarqué il y a un an à Malacca : réunir assez d’argent pour gagner l’Europe.
– «Pourquoi ne pas monter une affaire au Népal ?»
– «C’est trop pauvre ça ne marchera pas, en plus ce n’est pas stable politiquement».
– «Mais il y a du chômage en Europe, c’est très difficile pour avoir un visa, la vie est chère…»
Non, non, rien ne l’arrêtera. Son maigre salaire de serveur lui permet de survivre ici et d’envoyer un peu d’argent à la famille. Un autre exemple. Le réceptionniste de mon hôtel(*) est Casoui. Oui, à Malacca, encore un Marocain et je ne le fais exprès ! Les Indonésiens encore plus nombreux forment le gros de la main-d’oeuvre non qualifiée des usines. Cette immigration a son lot de profiteurs. Mon serveur Népalais a payé 50 euros une montre «made in France». Une fortune pour lui. Je n’ai pas eut le courage de lui dire que c’était un faux grossier qui valait pas plus de 5 euros. Ce n’est pas le plus grave. La presse rapporte régulièrement des cas d’employeurs malhonnêtes qui ne paient pas leurs salariés, confisquent les passeports… La presse relate le cas de Ganesh, un Indien d une quarantaine d’années, exploité, affamé et martyrisé par ses patrons depuis huit mois, laissé pour mort dans une forêt.
Singapour, pays riche, a lui aussi besoin de main d’oeuvre peu qualifiée pour accompagner sa croissance. Mais gare aux clandestins. Rue Lavender un stand reconstitue, véhicule d’origine et mannequins de chiffon à l’appui, l’arrestation de malheureux migrants et de leur passeurs assorti de jugements qui se comptent en années de prison.
Il y a peu de pays aujourd’hui où cette question ne se pose pas lorsque l’on voyage.
Avr 272007