Je suis parti ce soir pour Banda Aceh par un bus(*) qui met pas moins de 10h pour rejoindre la pointe nord de Sumatra, hélas plus célèbre pour sa guérilla et l’effroyable tsunami de fin 2004 que pour ses plages.
Ce fut une nuit de cauchemar. Le chauffeur de bus était un vrai chauffard selon nos critères. Je n’ai jamais vu ça, même en Iran. Il doublait sans aucune visibilité. On a manqué de justesse par deux fois d’emboutir des camions-citernes. Et comme on m’avait réservé la place du mort, je n’ai rien dormi, l’oeil rivé sur le macadam à prévenir l’accident. Au moins mourir éveillé, lucide. Ce n’était pas pour cette nuit. Vers une heure du matin, lorsqu’on a aperçu un autre bus de la même compagnie sur le bas-côté l’avant aplati contre un camion notre chauffeur a un peu ralenti avant de repartir de plus belle, ignorant le triste sort de son collègue. Froid dans le dos. Comment expliquer un tel comportement qui tient du collectif ?
(*) Médan-Aceh. Compagnie PMTOH, Executive Class.