Un peu ivre après ce voyage depuis Medan je suis descendu au petit matin à l’hôtel Prapat(*) qui fut l’un des premiers à recevoir des humanitaires après le tsunami.
En attendant que se mette en place un tourisme de mémoire, comme sur tous les lieux de grandes catastrophes, je suis condamné à me faire une idée seul de la ville. Les informations disponibles pour appréhender la situation sont très parcellaires. Chaque agence travaille dans son coin et n’a pas intérêt à dénoncer ce qui ne va pas pour ne pas attirer la presse à l’affût et faire fuir les donateurs. On a tellement parler des sommes astronomiques récoltées pour le Tsunami. Tout le monde vous raconte ici des histoires de gaspillage et d’injustice. Untel s’est fait construire dix maisons, tel autre a détourné les fonds, un cartel de fournisseurs se fait du gras sur l’argent des bailleurs… Ce type de détournement doit être combattu, certes. Mais les conséquences du tsunami sont telles qu’il est bien difficile d’éviter les dérives. Imaginez un instant simplement les questions juridiques qui se posent à la reconstruction, à qui appartient un bien lorsqu’une famille est décimée ?
Quoiqu’il en soit le centre-ville a plutôt bonne mine comparé à Medan ! (**) La mosquée « miraculeusement » épargnée resplendit. Le marché central est plutôt dynamique grâce à l’argent de la reconstruction et la stabilisation de la situation politique. Mais le centre-ville a été relativement épargné contrairement aux zones peuplées le long de la côte.
(*) Hotel Prapat. 100 000 roupies la double avec ventilateur. Simple bien tenu et bien situé. Douche et W.C. privés.
(**) Quelques indices : restaurant A & W : All American Food. Hôtesses au foulards impeccables, juste descendus de leur moto. KFC et Pizza Hut du même tonneau. Et les clients ne sont pas des humanitaires !
En face de l’A & W. Coiffure Raggi. Très coiffeur parisien et sans complexe.
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Banda Aceh ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2007/05/banda-aceh/>