Juin 072007
 

Jakarta, vue sur le golden triangle (c) Yves Traynard 2007Je suis à Jakarta où j’ai rejoint Myriam et Pierre que j’ai plaisir à retrouver dans leur univers quotidien. Je goûte un peu à la vie d’expatrié : le logement confortable sans être luxueux avec une vue imprenable sur le quartier des affaires (le Golden Triangle), la piscine et le jacuzzi, la voiture avec chauffeur, l’employée de maison… brefs les bons côtés. Car la vie d’expatrié de ce que j’en ai vu ici et ailleurs n’a pas que du bon. Si le travail est généralement intéressant et à haute responsabilité les petits soldats de la globalisation placés aux avant-postes de l’Etat et des entreprises multinationales n’ont pas la vie facile. Emploi du temps chargé dans un contexte multiculturel, servitudes liées au logement et au personnel de maison, contraintes liées à la sécurité et aux obligations sociales, éloignement de la famille et des amis, place du conjoint converti en trailing-(wo)man faute de trouver un job en rapport à ses compétences, adaptation parfois difficile des enfants, que compensent certes un salaire et un niveau de vie enviable mais dont il ne faut jamais oublier qu’ils sont temporaires et qu’il faut gérer le retour en France.
D’autant que sorti de ce confort – si certaines villes sont agréables à vivre selon nos critères – ce n’est pas le cas de Jakarta. Circulation très difficile en voiture comme en transports en commun, pollution, chaleur et humidité permanentes, bruits, trottoirs inexistants. Bref un immense chaudron bouillonnant de 9 millions d’habitants, 23 si l’un compte l’ensemble de la mégapole. La ville ne s’est pas mise en scène à taille humaine genre quartier piéton, terrasses, vieux bâtiments rénovés, jardins et squares… pour flâner une seule échappatoire : le mall réfrigéré. Il n’en manque pas jusqu’aux plus luxueux comme le plaza Indonesia avec toutes les enseignes de luxe (Bvlgaria et consoeurs) et appel micro des chauffeurs stationnés au parking du mall pour qu’il vienne cueillir madame devant l’entrée.
Pourtant le centre de la Batavia hollandaise près du port que nous avons visité avec Myriam ce matin possède clairement un potentiel. Les vieux entrepôts, les canaux, la présence d’un patrimoine historique. Ce n’est visiblement pas la priorité et le goût du moment. Depuis l’indépendance on a misé sur une vision d’abord triomphante avec le Monas (1961) et la Merdeka puis moderniste au sein du Golden Triangle. Si l’Indonésie veut doter sa capitale d’un petit centre historique il faudra néanmoins qu’elle se dépêche car les murs s’écroulent ! Après il faudra reconstruire à l’identique comme on l’a fait à Singapour. Un peu au Sud de Kota, Glodok, le quartier chinois porte encore les traces des émeutes de 1998 lorsque la communauté avait servi de bouc émissaire à la crise. Dans les temples on brûle de curieux factices (des liasses de dollars aux téléphones portables) pour s’assurer la réussite. À proximité l’église François Xavier a la forme originale d’une pagode.


Un article intéressant sur Jakarta.