Grand jour. J’ai mis la main sur une agence indonésienne qui programme du voyage au présent. Visiblement ça ne pouvait être qu’ici, à Yogya, ville universitaire, dotée d’une longue et riche histoire, d’une vie culturelle soutenue(*) malgré la taille modeste de la ville. L’agence qui gère également un restaurant est affiliée au réseau Via Via(**) fondé en Belgique il y a une dizaine d’années dans le but de rapprocher les visiteurs entre eux et de faciliter les échanges avec la population locale. Une douzaine d’antennes existent sur les cinq continents dont une au Sénégal (mais rien à Paris pour l’instant…).
Le programme propose, outre cours de médecine traditionnelle, massage, batik, orfèvrerie, cuisine, bahasa indonesia et les classiques Borobudur et Prambanan trois thèmes qui m’ont interpellé.
– La visite d’un village rural
– La visite thématique sur les religions qui cohabitent à Yogya (animisme, hindouisme, bouddhisme, islam, christianisme)
– La visite d’un kampung urbain (village dans la ville)
Ces trois dernières visites sont évidemment celles qui ont retenu mon attention.
Je me suis inscrit à la Code River Walk. Le petit bout de femme qui conduisait cette visite individuelle était une étudiante de 25 ans. La visite fut à son image, tout en curiosité. L’histoire (la zone de jardins inondables, les déplacés, le quartier rouge et un peu mafieux qui se normalise en quartier populaire), la pollution, la sécurité (le kampung à son propre système d’auto-surveillance de 11h du soir à l’aube), les conséquences du tremblement de terre de 2006, l’activité des riverains (conducteurs de becak, fonctionnaires mais aussi chômeurs), le regard de la population sur ce quartier longtemps marginalisé, l’absence de titre de propriété (le terrain appartient au sultan, les constructions sont illégales mais tolérées), les infrastructures communes (toilettes et mandis à 200 RpI l’usage, les puits), la presse quotidienne affichée gratuitement, les loisirs (concours de pigeons colorés, combats de coq, cartes…), l’éducation, l’implication de la municipalité (concours du secteur le plus fleuri, embellissement, mur anti-inondation…), la diversité des statuts sociaux et du bâti, l’avenir…
La forme employée n’avait rien de la conférence. Simple dialogue de deux individus issus de mondes pas si différents que ça. Le plus intéressant sans doute était sa propre curiosité sur notre monde qui ravivait sans cesse l’échange dans un parallélisme sur les sujets les plus divers au point de faire passer la visite du kampung au second plan. La société civile, la vie étudiante, la religion (son petit copain est chrétien, elle est musulmane ce qui rappelle des amours à la libanaise), l’endettement des ménages…
Le réseau Via Via organise la formation de ses guides free-lance. Le récit de la dernière session par les participantes elles-mêmes publié dans la news-letter est aussi suave qu’une crêpe à la noix de coco.
(*) à laquelle le CCF ne serait pas étranger au dire des Indonésiens (cocorico !)
(**) le site de Via Via
===== Programme et autres notes
A voir le film «3 Hari Untuk Selamanya» (Three days to forever) de Riri Riza. Un road movie à Java. Un jeunesse à la découverte de son pays.