Sylvie Brunel(*), géographe, spécialiste de questions de développement, a publié un intéressant carnet d’un voyage en famille au tour du monde où elle découvre progressivement ce qu’elle nomme la dysneylandisation du monde(*). Deux articles récents(**) synthétisent son point de vue.
Extraits.
« Voyager autrement, voyager intelligent et surtout ne pas passer pour un touriste… Afin de répondre à ce souhait du voyageur moderne, l’industrie du tourisme, 3° industrie mondiale, multiplie les offres et les produits. Quitte à faire du monde un immense parc d’attractions où illusion et merveilleux se substituent habituellement au réel. »
« Il faut désormais au touriste du sens, de l’«authenticité ». L’authenticité devient ainsi un produit comme un autre et tout l’art du voyagiste est de savoir la fabriquer. Le tourisme façonne donc les lieux, la nature et la culture en fonction des représentations mentales que leurs visiteurs s’en font. »
« [ces voyages] organisent une sorte de régression infantile de l’être occidental«
« Le tourisme disneylandise ainsi le monde, transformant les lieux d’accueil en une succession de parcs à thème, où le touriste doit pouvoir retrouver un passé recréé ou préservé en toute sécurité. » […] où tout est conçu et contrôlé pour vendre de la nature «sauvage» et de la «peuplade authentique »« .
Si ces opinions rejoignent plusieurs de ses prédécesseurs et la mienne, je suis toujours surpris qu’elles se formulent sur le ton du mépris sans rien proposer de constructif pour dépasser la critique. Mais peut-être y-a-t-il un temps pour l’analyse critique, la dénonciation et un temps pour l’action.
(*) Sylvie Brunel est Géographe, Professeur des Universités, Université Paul Valéry de Montpellier, membre de l’équipe de recherche Gester (Gestion des Sociétés, des Territoires et des Risques). Elle a aussi collaboré avec Médecins sans Frontières avant de diriger pendant une dizaine d’années, à partir de 1989, l’association ACF (Action contre la Faim).
La Planète disneylandisée (éditions Sciences Humaines, 2006)
(**) Tourisme et mondialisation, Vers une disneylandisation universelle ?, Actes du Festival International de Géographie, St-Dié, 2006.
Quand le tourisme disneylandise la planète…, in Sciences Humaines n°174, août 2006.
Peinture d’Émile Youmbi. Camerounais formé à l’atelier Pascal Kenfack, Emile Youmbi étudie les mathématiques à l’université de Yaoundé avant de se consacrer entièrement aux arts plastiques (peinture, sculpture ou installation). En 1993, il fonde avec une dizaine d’autres plasticiens le collectif Prim’art qui revendique notamment une réflexion sur la mémoire de l’Afrique. Il peint la modernité des villes et l’anonymat des foules comme autant de lieux de mémoire.