Voyage en compagnie de Marc Augé, ethnologue, fin observateur des réalités du monde contemporain(*).
« L’impossible voyage, c’est celui que nous ne ferons jamais plus, celui qui aurait pu nous faire découvrir des paysages nouveaux et d’autres hommes, qui aurait pu nous ouvrir l’espace des rencontres. Il a eu lieu une fois, et quelques Européens, alors, ont sans doute éprouvé fugitivement ce que nous ressentirions aujourd’hui si un signal incontestable nous prouvait l’existence d’êtres vivants et communicants quelque part dans l’espace »
[…] « Et nous qu’avons-nous fait de nos voyages et de nos découvertes ? Quel plaisir pourrions-nous prendre aujourd’hui au spectacle stéréotypé d’un monde globalisé et en grande partie misérable ? »
[… Ces agences de voyage] « sont les premières responsables de la mise en fiction du monde, de sa déréalisation d’apparence – en réalité, de la conversion des uns en spectateurs et des autres en spectacles. »
[…] « Le monde existe encore en sa diversité. Mais celle-ci a peu à voir avec le kaléidoscope illusoire du tourisme. Peut-être une de nos tâches les plus urgentes est-elle de réapprendre à voyager, éventuellement au plus proche de chez nous, pour réapprendre à voir. »
(*) Marc Augé, L’Impossible Voyage. Le tourisme et ses images. Editions Payot & Rivages. 1997. p.13-14. Du même auteur, à lire en ligne : « Un ethnologue sur les traces du mur de Berlin« , Le Monde diplomatique, août 2001.