On commémore en ce moment le 40e anniversaire de l’exécution du Che par les services boliviens soutenus par la CIA. L’icône moderne dont le poster tapisse plus que jamais les chambres des adolescents, doit beaucoup à un voyage initiatique. En 1951, Ernesto Guevara et son copain Alberto Granado décident de partir à la découverte de leur continent. Ils commencent leur expédition sur une vieille moto Norton 500 de 1939, baptisée la Poderosa (la puissante). Un film récent tiré des propres carnets(*) du Che illustre ce que sa vie doit à ce voyage initiatique. Le romantisme de la route cher à la Beat Génération, porté par les lectures de Jack London, Emilio Salgari et Jules Verne, ne résiste pas longtemps à la découverte des peuples démunis. Dans ses notes le fils d’aristocrate argentin désargenté cite José Marti : « Je veux unir mon destin à celui des pauvres du monde« . Ce qui débute comme une aventure prend progressivement une tournure différente. La confrontation aux réalités sociale et politique des pays qu’ils découvrent altère la perception que les deux amis ont du monde. Cette expérience vécue à un moment décisif de leur vie éveillera de nouvelles vocations associées à un désir de justice sociale. Un exemple de voyage comme prise de conscience et engagement radical.
(*) Diarios de motocicleta : Notas de viaje por América Latina. Ces carnets ont inspirés, avec le témoignage Con el Che por Sudamérica de son ami Granado, un film en 2004 intitulé Carnets de voyage. En français : Voyage À Motocyclette – Latinoamericana, Ernesto Che Guevara, Mille Et Une Nuits, 2001.