Oct 282007
 

Pour clore les journées grand public de son salon, EquitExpo avait invité Nicolas Lambert à donner son spectacle « elf, la pompe Afrique ». Le texte dont il est l’auteur et l’interprète est issu de ses propres notes prises lors des audiences du procès fleuve de 2003 intenté par la compagnie pétrolière Elf à 37 prévenus dont son propre président Loïk Le Floch-Prigent, ses adjoints Alfred Sirven et André Tarallo. Etaient jugés alors les abus de biens sociaux commis au détriment de la compagnie pétrolière par ses propres collaborateurs de 1989 à 1993. La pièce met en scène des membres de l’élite économique française qui se défendent pitoyablement de graves accusations en se rejetant la faute comme des enfants de 10 ans pris la main dans le sac. La liste des larcins est interminable : hôtel particulier, villa en Corse, frais de divorce… et même achats de dernière minute avant d’être démissionné, qui rappellent un certain Roland Dumas impliqué également dans l’affaire Elf. Les montants détournés sont colossaux : 300 millions d’euros. De nombreux accusés ont écopé de prison ferme, d’amendes et d’obligation à rembourser les sommes détournées (*).
Ce serait juste pitoyable, une affaire de droit commun, si ce qui avait facilité de tels détournements n’était autre que la fameuse caisse noire servant à arroser politiques français et étrangers. « On va appeler un chat un chat, nous confie Loïk Le Floch-Prigent lui-même. Elf a été créé pour maintenir l’Algérie et les rois nègres dans l’orbite française par le biais du pétrole. Avec les Algériens, ça a capoté. Avec les rois nègres, ça se poursuit. Le système a été créé pour permettre cette opacité. Le président d’Elf est donc un « ministre bis » de la Coopération. C’est pourquoi le Général de Gaulle avec son homme de l’ombre Foccart a placé à sa tête un homme des services secrets. Et c’est pourquoi Elf a de tout temps financé les services secrets. Elf avait donc trois objectifs : industriel, diplomatique et politique. » Un accusé ajoutera en guise de défense que ces pratiques occultes ne sont rien comparées à celles qui entourent le commerce des armes ! Leur procès n’aura jamais lieu. C’est la raison de l’intérêt suscité par l’affaire Elf qui révèle accessoirement que les donneurs d’ordre de ces basses œuvres étaient les plus hauts responsables de notre pays dont les photos sur scène évoquent l’implication.
Le sujet est si bien traité, qu’on en oublie la performance de l’acteur Nicolas Lambert, seul en scène, se mettant tour à tour dans la peau de chacun des accusés et du Président du tribunal.


(*) Le site du spectacle qui sera encore à l’affiche en 2008. Existe en DVD.
(**) L’affaire Elf, Wikipédia.