Au Moyen Age l’art est un langage destiné à édifier, transformer celui qui le reçoit. On se souvient des chapiteaux historiés de Vézelay. Ce triptyque de Bosch intitulé le Char de foin procède de la même intention. Déployé on découvre au centre une foule qui se bat pour un tas de foin démesuré, part du plaisir terrestre, symbole des vanités du monde. Tandis que les puissants atteignent sans peine le foin convoité, les manants s’étripent, se piétinent, se trucident. Lorsqu’on referme le triptyque le Voyageur apparaît, indifférent à la folie humaine qui l’entoure. Sa véritable demeure, son seigneur sont ailleurs il est en chemin pour les rejoindre. Empruntant la Voie, étroite mais lumineuse, le Voyageur s’apprête à franchir le pont qui le sépare d’un autre monde. Il hésite. Le doute s’installe. Qu’y-a-t-il au-delà ? Le poids de son passé, de sa conscience pèsent lourd dans son panier en osier. Il hésite à s’en défaire. Avancer, s’élever sur le chemin de la vie c’est aussi renoncer semble nous dire Jérôme Bosch.
Le Voyageur de Jérôme Bosch est un élément du triptyque Le Char de foin peint vers 1485-1490. Il est conservé au musée du Prado à Madrid. Avec l’aide précieuse du Monde des religions, septembre 2003.