Dernière longue journée de car entre Bandirma et Istanbul, par gros temps. Nous gagnons Bursa qu’on découvre sous la neige. Nous ne verrons que la mosquée verte et déjeunerons – fort bien – près du parc ornithologique. Pour gagner un peu de route on emprunte le bac sur la mer de Marmara. Nous aurons fait de l’avion, du bus, de la remorque à tracteur et du bateau durant ce séjour. Et connu le soleil, la pluie et la neige. Arrivés à Istanbul, étape incontournable au marché aux épices. Peu d’achats finalement. Les touristes hésitent à faire provision de produits inconnus. Je me retrouve à vanter les délices du Basterma et des étonnantes saucisses en pâte d’abricot fourrées aux noix qu’on déguste aussi à Alep. Pour finir j’accompagne le couple maghrébin le plus âgé dans l’achat d’un samovar. Ils ont prévu d’en détourner l’usage. Le café à la place de l’eau, le lait à la place du concentré de thé. A 45€, je suis convaincu que le même produit se trouve à moindre frais et sans excédent de bagages rue de l’Echiquier dans le 10ème… mais qu’importe, les souvenirs c’est OBLIGATOIRE. Inutile de heurter ou de briser les rêves. L’imaginaire se contrefout de la raison et non l’inverse.
De l’avis général la dernière soirée (avec supplément) sentait le piège à touristes. Chez Omar, à Sultanahmet nous sommes les seuls clients ce soir. Le poisson promis depuis une semaine a disparu de la carte ! Dommage c’était l’argument clef du guide pour vendre sa soirée. Çà râle dans les rangs. Le guide feint de prendre la défense du groupe et houspille le restaurateur. Une expérience qui me donne des indices pour définir le piège à touristes : mono-clientèle touristique, menu qui se proclame authentique, prix cassés, serveurs polyglottes… ok, mais avec un telle définition, le MacDo de Camberlitas et les autres fast-food du coin en deviennent plus attractifs que les kebabs ! Et quelle différence y-a-t-il avec les restaurants où l’on sert exactement la même chose mais dont la une clientèle turque ? Et puis il faudrait parler de l’universalité toute relative du concept de restaurant (pour un Français, un Turc, un Chinois…?)
Pour se faire pardonner le guide nous emmène à Taksim découvrir « l’Istanbul jeune qui s’amuse comme à Paris ». La rue Istiqlal est effectivement plus animée que St-Germain à la même saison. Passage des Fleurs et rues adjacentes on passe de bar en restau branché, de terrasse en estaminet. On est un peu comme des Turcs s’offrant une virée rue Saint-Maur. Une image plus moderne que le guide tient à nous faire découvrir. Encore un acte « militant ». D’autres au sein du groupe ont voulu déjouer cette intention (« ce guide veut nous montrer que le bon côté des choses ») et sont partis solitaires en quête du vrai Istanbul… dans les rues jouxtant l’hôtel. Ils rapportent fièrement qu’ils ont aperçu des jeunes à casquette qui avaient l’air méchants. Ils se sont fait peur et ont trouvé ce qu’ils cherchaient. Mais pas plus que le groupe conduit par le guide ils n’ont vu de vrai Istanbul… Et pour cause. Existe-il un vrai Paris et où peut-on le voir ? Démontrer Istanbul nécessiterait de multiplier les angles de vue, de croiser le nombre et les modes de vie, de se projeter hors les murs pour de bon. A l’issue de ce séjour il faut avoir la modestie de dire que l’on a vu Istanbul comme on visite Paris, en touristes. C’est à dire de manière très partielle. Les monuments principaux, le quartier de Sultanhamet qui est autant représentative de la vie locale que la place de la Concorde, le quartier de l’hôtel totalement phagocyté par les grossistes en textile et sa clientèle des PECO, le grand bazar uniquement dédié aux souvenirs stéréotypés pour touristes et quelques lieux de loisirs proprement turcs : Pierre Loti et Taksim. Pas de quoi tenir de longs discours sur la première ville turque et ses habitants. Mais n’allez pas en conclure qu’il s’agit là de l’effet du voyage organisé. Rien ne dit qu’en trois jours en individuel nous en aurions appris plus.
PROGRAMME
Bandirma-Bursa
Bursa sous la neige, visite de la seule mosquée verte, car le mausolée vert fermé pour travaux.
Quartier libre dans les parages. Thé offert par papy Raki. Déjeuner gastronomique près du parc ornithologique
Bursa-Istanbul avec traversée de la mer de Marmara en bac.
Pont sur le Bosphore
Marché aux épices
Nuit hôtel Grand Savur
Option : dîner à Sultanahmet (Chez Omar) puis visite rapide de Taksim.