Dans ce temps libre que je m’autorise enfin (le circuit Marmara n’était pas des vacances mais une étude même si mes notes murissent encore sur mon Palm) consacrer une courte journée d’hiver à Salonique, est une injustice. Une de plus pour cette ville qui en a connues d’autrement plus graves. Alors il faut faire des impasses. Du reste épuise-t-on jamais une ville qui avoue plus de deux millénaires d’histoire ? Consciemment ou non, on pose des priorités, en voyage aussi. On fait confiance à son instinct, pour le meilleur et le pire. On ignore les musées pour profiter des rares rayons de soleil qui illuminent le golfe et puis les monuments, c’est tellement plus simple quand on n’a rien préparé. L’office du tourisme a même publié deux brochures – Salonique byzantine, Salonique ottomane – fort bien faites, mais comme d’habitude rien sur la ville contemporaine, qui n’a pourtant jamais compté autant d’habitants (c’est la troisième ville de Grèce). Et comme la langue me fait cruellement défaut – j’avoue qu’après le portugais, le malais et le turc ce sera assez pour cette année en effort linguistique – difficile d’appréhender un quelconque présent grec dans sa globalité. Qu’est-ce qui anime Salonique aujourd’hui ? Mystère… Quand on a rien de concret à se mettre sous la dent, on fait des fixations sur ses thèmes de prédilection. On croit lire les signes d’une immigration en croisant les colporteurs Chinois et les Africains qui vendent des DVD piratés, on juge de l’omniprésence des co-financements de l’Union Européenne (métro, restauration de sites historiques…) en se disant que c’est fou ce qui se fait au nom du peuple européen sans qu’il le sache ; et on lit la mondialisation aux enseignes (Starbucks café, Champion…) et aux modes de vie (mobilier urbain, décor des boutiques, produits et services commercialisés, coût de la vie). Dans ces conditions on coure après le «typique». On s’étonne du moindre petit marché que l’on déclare immédiatement, à l’unisson du Routard, comme oriental, parce qu’il y a trois bancs d’épices et des vendeurs de café ambulants. Est-ce bien sérieux quand au large d’immenses porte-conteneurs font la queue pour entrer au port. On peut toujours rêver mais franchement il est loin le joli temps des caravanes ! A l’heure où l’on se dit qu’il faut bien ramener un souvenir je m’étonnais du prix très bas des splendides broderies traditionnelles qu’on offre à la future mariée. La réponse est tombée de la vendeuse, sans complexe. «Greek design, made in China», étiquette à l’appui.
Comme la Turquie me manquait déjà, j’ai visité la maison natale de Moustapha Kemal (né en 1881, et oui à Salonique) dans le jardin du consulat. Un geste qui m’a valu force amabilités et «güle-güle» de la part du personnel consulaire.
PROGRAMME
Visite de Salonique
Nuit en train couchette. Salonique-Athènes. 23,50 euros.