Jan 082008
 

Les cafés chichas mettent en place des stratégies pour tenter une survie. Terrasses couvertes, demande d’indemnisation, forcing… mais déjà plusieurs ont fermé dans mon quartier. C’est un coup dur pour l’orientalisme parisien mais qui en a vu d’autre. Se souvient-on du Café turc ?
« Le café Turc (29 bd. du Temple), ouvert en 1780, était l’orgueil de la bourgeoisie du Marais. Entièrement décoré à la turque, il possédait un grand jardin longeant le boulevard. On y voyait des kiosques, des cabinets de verdure, des tonnelles et, le soir, des illuminations. Il était interdit aux servantes et aux laquais. Sa vogue dura jusqu’au début du règne de Louis-Philippe. « (*)
« Sur le boulevard du Temple, le café Turc attire le public par son jardin et par la décoration pittoresque de sa salle principale.  » (**)
« En continuant de suivre la ligne des boulevards, on arrive au fameux café Turc, dont la vogue, pendant et même depuis l’empire, n’eut d’analogue peut-être que celle des bains Chinois (encore démolis!). A cette conquérante époque, les noms les plus exotiques faisaient fortune, l’Europe, que dis-je ? le monde entier étant un peu notre domaine. La foule s’est portée encore, il y a peu d’années, au café et au jardin Turc pour assister aux concerts en plein vent, mêlés de pyrotechnie et de feux du Bengale, que dirigeait un rival du grand Musard. Cette union mal assortie et passablement incestueuse de Vulcain et d’Euterpe n’a pas eu de suites durables, et le café Turc, un instant débauché et étourdi par tout ce fracas, n’a pas tardé à retomber dans l’heureuse placidité qui est le fond de son caractère et dont il ne sortira plus. On sait qu’il est le rendez-vous de cette classe si enviable qu’on nomme les rentiers du Marais. Cette clientèle vaut pour lui une inscription au grand-livre. Bien que de mœurs très-différentes, il offre, comme on voit, une certaine analogie avec le café de l’Opéra; seulement, au café Turc, on est dans l’habitude de garder les rentes qu’on a, tandis que, dans l’autre, on vend celles que l’on n’a pas. Voilà toute la différence. « (***)


(*) Comment vit-on sous la monarchie de juillet ?. AGIR Historique section XIXème.
(**) Paris illustré, nouveau guide de l’étranger et du Parisien, Adolphe Laurent Joanne, 1863.
(***) La vie de Paris, Félix Mornand, 1855.