Passer au logiciel libre à la maison reste un acte militant. Je viens d’en faire l’expérience en installant un PC Double Core cette semaine. Il est vrai que dans le monde des ordinateurs familiaux où l’on n’a guère le choix il est tentant d’échapper au quasi monopole de Microsoft et d’Apple. Hélas, il n’existe guère qu’une seule alternative crédible au logiciel payant. C’est Ubuntu(*). Un système d’exploitation doublé d’une vaste suite logicielle issue du monde Linux, qui se veut grâce à son interface graphique et au moins sur le papier, un concurrent de Windows et de Mac OS. Les passionnés vous diront que tout est possible et bien plus et que c’est un système rapide, puissant, économique. C’est sans doute vrai. Mais que d’efforts à déployer !
D’abord se coltiner une interface différente et abandonner ses réflexes Windows, intégrer des concepts de dépôts, de paquets, de formats ogg et autres bin… tout un vocabulaire et plein d’astuces et de dépannages qu’il faut aller piocher dans les multiples forums d’Ubuntu qui vous invitent tôt ou tard à utiliser les syntaxes barbares des lignes commandes dignes du DOS des années 80.
La tâche est fastidieuse pour parvenir à un poste doté d’une suite bureautique (c’est de loin le plus facile), d’un navigateur web opérationnel, d’équivalents à ADSL TV, trouver les bons codecs, Realplayer, Skype…
Bref il faut avoir du temps à perdre pour reconstituer une station équivalente à un « bon » vieux Windows XP. La tâche est sans doute plus facile si l’on est entouré de sympathisants Ubuntu. En tout cas néophyte en informatique s’abstenir.
Une fois installé, néanmoins le poste se montre très stable. Mais à l’usage le pari est risqué. C’est se heurter à des problèmes de compatibilité… et les joueurs seront frustrés de ne pas trouver leurs jeux favoris.
Surtout son intégrité (« du libre, rien que du libre ») vire à l’intégrisme. Ainsi, pas un seul lecteur/encodeur de MP3 ou DVD n’est disponible par défaut ! Installer Flash sous FireFox nécessite de cocher une option dans un obscur menu ! Et plein de petits bugs surgissent qu’il faut corriger.
Voilà pour la face obscure. Il y a quand même des trucs sympas utilisables même par des clients Windows.
Le CD d’installation (téléchargeable), baptisé Live CD Ubuntu permet d’utiliser le logiciel sur n’importe quel PC(**). Il suffit de l’insérer dans votre lecteur et de démarrer. Il ne polluera nullement votre Windows et vous permettra de vous faire une idée de ses fonctionnalités sur vos propres répertoires et fichiers Windows, et si vous êtes conquis de l’installer en dual boot.
Office.org, est une excellente suite bureautique concurrente d’Office de « Windaube » (comme on l’appelle sur certains forums), qui dispose même d’une version libre pour Windows(***).
Enfin le Live Cd « GParted » est un excellent gestionnaire de partition, y compris sous Windows, capable de rééquilibrer les partitions de disque dur dont la taille fixée arbitrairement à l’installation devient contraignante (à la manière de Partition Magic, mais gratuitement).
Une fois installé, stabilisé, ça reste quand même un produit extraordinaire autant par sa robustesse et sa facilité d’usage que par sa genèse. Une création collective, internationale qui tient de l’exploit quand on connait la complexité de l’univers logiciel et le poids des géants du marché.
(*) Le site officiel de la Communauté francophone des utilisateurs d’Ubuntu
(**) Version actuelle : Ubuntu 7.10 Gutsy Gibbon
(***) Projet francophone OpenOffice.org