Cinéma du Réel J9

La visite du salon du tourisme(*), voyage à l’intérieur du voyage, est toujours un grand moment. Porté par l’élan documentaire, j’en ai ramené une petite nouvelle que je vous livrerai un jour. Avec tout ce qui s’y expose (les voyagistes, les agences, les pays, les visiteurs…) il y a là de quoi faire un intéressant documentaire en feuilletant le catalogue des imaginaires de ceux qui « nous offrent le monde« .
L’après-midi, ne voulant rien perdre du Cinéma du Réel, j’ai assisté à la projection des Vampires de la misère, le premier docu-fiction latino-américain, tourné il y a juste trente ans et présenté au festival du Réel. Un récit court, dénonciation des dérives du docu misérabiliste très en vogue à l’époque. Un reporter d’une chaîne européenne commande un film sur les pauvres. Le correspondant local s’emploie à trouver la matière quitte à acheter des figurants, peaufiner leurs textes pour qu’ils soient conformes à ce qu’on attend d’eux. L’interrogation reste d’actualité. A quoi sert de montrer la misère ? Où s’arrête la frontière entre voyeurisme et dénonciation ? La fin justifie-t-elle tous les moyens ? Autant de questions qui rejoignent celles que pose le tourisme-réalité.
Après la longue litanie de remise de prix, exercice sans doute nécessaire mais bien plat, Marie-Pierre Duhamel-Muller avait choisi de nous passer un film difficile, les Affinités électives. Karel Vachek y filme de l’intérieur le processus électoral qui mène Dubcek au leadership du pays. Un film tourné de l’intérieur sur le processus politique qui sera celui du Printemps de Prague en1968, qui outre son intérêt documentaire, pose une foule de questions sur l’intrusion des médias dans l’arène politique.

(*) Salon international du tourisme, 13 au 17 mars, Porte de Versailles, rebaptisé le Monde à Paris.

Cinéma Tourisme
Agarrando Pueblo (Les Vampires de la misère) Ospina, Luis
Palmarès du festival
Prague 1968
Les Affinités électives (Sprizneni volbou), Karel Vachek, République Tchèque