Passé la soirée d’hier avec Captain Saïd qui m’a pris en sympathie. Nous faisons le tour du centre-ville. Tout le monde le connaît. 40 ans à Hurghada, pensez donc et en plus entraineur de l’équipe de foot locale ! Malgré son dévouement auprès de la jeunesse, il n’a pas fait fortune. Le foot enrichit surtout les stars. Modeste sans être pauvre, il roule à vélo avec une petite selle aménagée à l’avant pour son fils, s’offre deux semaines de vacances chaque année alternativement à Alexandrie et à Louxor. Son fils Youssef adoré, sa petite fille, sa femme et sa mère se partagent un immeuble dont il occupe le 1er étage. Au Souq Chaabi (marché populaire, derrière le souk touristique), les gens se plaignent de la vie chère, que tout augmente très vite. Les émeutes de la faim, n’ont pas été de grande ampleur en Egypte mais le malaise et l’inquiétude sont réels(*).
Saïd me parle de ce qui a pu rendre possible la vie à Hurghada. L’eau qui vient du Nil par plus de 100 km de canalisation, l’électricité depuis le barrage d’Assouan. La distribution tournante, deux jours par quartier, qui permet de remplir les bidons perchés sur le toit pour la semaine. Paradis artificiel donc, contre-nature et fragile, On imagine ce qu’il adviendrait en cas de destruction des infrastructures qui l’alimentent ! Un casse tête sécuritaire de plus pour les autorités qui assurent la protection des centaines de kilomètres de ces cordons ombilicaux. Dans les cafés où nous sirotons le jus de canne, je retrouve la sciure qui protégeait les sols de nos bistrots il y a pas si longtemps. Mais en gros copeaux, colorés qui évoquent des pétales de rose, illustration du génie esthétique des commerçants arabes.
(*) Lire aussi le reportage : Egypte: mourir pour du pain, Par Delphine Saubaber et Tangi Salaün, L’express.fr, 15 mai 2008.