
J’ai passé en revue les couvertures des deux dernières années du magazine Grands Reportages(*). En juxtaposant leurs titres on obtient un curieux poème riche en promesses mais aux rimes tristement redondantes. Ecoutez plutôt : Maroc
intime, Tenerife
inattendu, Madagascar : l’île aux
trésors, France sauvage : nos
paradis perdus, cités
mythiques, citées
perdues,
trésors du royaume, trésors
cachés, Adriatique
oubliée, Andes inédites… et, je n’invente rien, deux dossiers à un an d’intervalle : Inde
profonde et Inde
secrète. Grands Reportages mériterait la palme de l’invisible ! Il surfe sans imagination sur la recette éternelle du tourisme : cacher ce monde visible que je ne saurais voir !
Explorer le monde, la devise de la revue, ne peut-elle se conjuguer que sur le mode de l’enchantement et du faux scoop ? Albert Londres et Joseph Kessel maîtres du Grand reportage doivent se retourner dans leur tombe(**).
(*) Grands reportages, 2007 et 2008. Un mensuel pour voyager à la découverte du monde : peuples, paysages, villes de culture et de loisirs, lieux de farniente…
(**) Marc Martin, Les grands reporters. Les débuts du journalisme moderne. Paris, Éditions Louis Audibert, 2005, 400 pages.