Si j’étais guide touristique en Afrique et que l’on me questionne sur la corruption que pourrais-je répondre ? Probablement des banalités. Heureusement une étude sur trois pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Niger Sénégal) fournit d’intéressants repères pour dépasser les clichés et tenter de comprendre le phénomène(*). Leurs auteurs proposent une grille de lecture en cercles concentriques. Partant des formes élémentaires :
- la commission
- la « gratification »
- Le piston
- La rétribution indue d’un service public
- Le tribut ou « péage »
- La « perruque » : utilisation des matériels de l’entreprise à des fins privées
- Le « détournement » : matériel ou financier
ils en viennent à pister les stratégies corruptrices :
- investissements corruptifs
- constitution de relations pérennes
- recherche de l’enrichissement rapide
- mutualisation de la corruption
- manipulation des registres normatifs et réglementaires
- stratégies discursives
avant de se pencher sur l’enchâssement de ces pratiques dans l’Etat et les logiques sociales et culturelles à l’oeuvre. Ces dernières, dont les auteurs prennent soin de noter qu’elles ne sont pas « traditionnelles » mais plutôt issues de la colonisation ou de l’indépendance, permettent la tolérance voire le développement de la corruption. Il s’agit :
- du pluralisme des normes
- de l’échange généralisé de services et de l’importance de « la personne avant l’institution »
- de l’intermédiation et du courtage : du mariage à la santé
- des cadeaux incessants, de l’ostentation, de la surmonétarisation : la nécessité de tenir son rang de riche a des contreparties…
- du coût social de l’intégrité : une vertu jugée hors de portée dans des pays pauvres.
Il est intéressant de comparer ces pistes de socio-anthropologie au service de l’anti-corruption aux pratiques corruptives européennes(**).