On a parlé un peu vite d’un monde multi-polaire qui sous-entendrait un affaiblissement des confrontations. Il semble que la bi-polarisation reprenne du poil de la bête entre notre « Ouest » et le « Reste du monde ». Dans un article du Monde, Natalie Nougayrède et Philippe Bolopion en signalent les causes invoquées au Sud(*) :
- Notre implication en Irak et en Afghanistan,
- Nos négligences dans le partenariat Nord-Sud,
- L’absence de solution à la question palestinienne,
- Nos positions au Kosovo et le faux-pas géorgien,
- L’impossible réforme de la composition du conseil de Sécurité pour permettre aux puissances émergentes d’être associées aux décisions,
et les conséquences dénoncées au Nord :
- La perte de la capacité d’entrainement de l’Occident à l’ONU,
- L’affaiblissement de l’universalité des droits de l’homme (Birmanie, Soudan, Zimbabwe, monde musulman…),
- Une polarisation doublée de l’émergence d’un nouveau tiers-mondisme soutenu par la Chine et la Russie.
Il n’y a pas de quoi se réjouir. D’autant que les désordres du système financier, les problèmes environnementaux et la sécurité alimentaire – dont la responsabilité incombe principalement à l’Occident mais dont les répercussions touchent violemment les pays du Sud – promettent l’amplification des polarisations. Les principes auxquels nous sommes attachés risquent fort d’être jetés avec l’eau du bain et le dialogue indispensable à la résolution des questions planétaires pourrait bien s’enliser au moment même où il y a urgence.
(*) A l’ONU, les Occidentaux aux prises avec les puissances émergentes, Natalie Nougayrède et Philippe Bolopion (correspondant aux Nations unies), Le Monde, 22 septembre 2008.