Sep 102008
 
Paris, Pavillon de l'eau (c) Yves Traynard 2008Après l’escapade ethnique du côté de Villepinte retour en bord de Seine, au Pavillon de l’eau, station Javel, ça ne s’invente pas ! Ce lieu, inauguré en juin 2007, qui se veut « espace d’information, d’éducation et d’échange sur l’eau, sa gestion et ses enjeux » oscille entre musée de société et patrimoine industriel(*). Sans doute faut-il voir dans cette hésitation l’influence de ses deux parrains : la Mairie de Paris d’une part et de l’autre Eau de Paris, la société d’économie mixte de gestion des eaux parisiennes. On y distille sur trois niveaux les vertus de l’eau de la capitale. Le message est clair : « boire de l’eau du robinet est un acte écologique« . Out donc Evian, Vittel, Cristalline… Dégustation permanente et grande photo aérienne pour découvrir quartier par quartier l’origine de l’eau de son robinet constituent avec l’architecture du bâtiment les modestes attractions permanentes. Au programme de Senseauriel l’exposition de l’été(**) : découvrir l’eau par les sens à travers un petit parcours sonore, olfactif, littéraire, cinématographique, ludique. Dans ces activités d’éveil et de sensibilisation destinées aux enfants, l’adulte rira quand même de bon cœur en visionnant l’arroseur arrosé. Pour lui il est prévu des parcours conférences dans plusieurs quartiers parisiens(***).

Comme toujours dans les musées il n’est jamais question d’argent, sauf à la boutique. Combien gagnent les deux sociétés qui se répartissent le gâteau de la distribution de l’eau ? Paris, Pavillon de l'eau (c) Yves Traynard 2008Comment les autres capitales du monde gèrent leur eau ? Quel est le prix au litre ? Mystère. Car si la Mairie de Paris est responsable de l’eau de la capitale elle ne fait qu’organiser le service public et contrôler l’action des sociétés délégataires : Eau de Paris pour la production et le transport de l’eau, Eau et Force-Parisienne des Eaux pour la distribution sur la rive gauche de la Seine et la Compagnie des Eaux de Paris pour la distribution sur la rive droite. En creusant un tant soit peu, ces deux dernières sociétés ne sont autres que des filiales des deux géants mondiaux respectivement Suez et Veolia dont les noms ne sont pas associés au musée. Cette initiative tout de même fort louable, lorsqu’elle aborde la qualité, le gaspillage ou les défis planétaire de l’eau(****) mériterait encore un petit effort pour être transparente… comme l’eau claire.(*****)


Paris, Pavillon de l'eau (c) Yves Traynard 2008(*) Pavillon de l’Eau. 77, avenue de Versailles. Paris 16e. Le Pavillon est ouvert :
– pour les écoles, du lundi au samedi midi
– pour le grand public, du mardi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 11h à 19h.
(**) Senseauriel, L’eau et les 5 sens. Du 20 mai mai au 31 octobre 2008.
(***) Parcours conférences, sur le thème de l’eau à Paris.
(****) Les défis de l’eau, exposition du 1er semestre 2008 à découvrir en vidéo.
(*****) Pour appréhender les enjeux politiques et économiques de l’eau on se reportera au numéro 2900 de Problèmes économiques (La Documentation française) : la gestion de l’eau en France. 24 mai 2006.
DOSSIER : La gestion de l’eau en France
La politique de l’eau, une perspective française
Rapport au Premier ministre et au ministre de l’Ecologie et du Développement Durable
Jean-Claude Flory
Un prix de l’eau encore peu compréhensible
Cour des Comptes
L’effet de la délégation sur le prix de l’eau potable
INRA – Sciences sociales
Alain Carpentier, Céline Nauges, Arnaud Reynaud et Alban Thomas
Paris, Pavillon de l'eau (c) Yves Traynard 2008L’efficacité relative du type de propriété dans le secteur de l’eau
Economia internazionale
Maurizio Conti
L’eau, un domaine d’excellence pour les entreprises françaises
Responsabilité et environnement – Annales des Mines
Claude Camilleri


Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « H2O senseauriel ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2008/09/h2o-senseauriel/>

  4 Responses to “H2O senseauriel”

  1. pour finir la visite j’irai bien jusqu’à la rue des eaux toute proche. Sachant evidemment qu’elle abrite le musée du vin.

  2. Les grandes eaux minérales naturelles contre-attaquent contre l’eau du robinet en lançant la campagne : Que savez-vous de l’eau que vous buvez ?

  3. Voir au sujet des de l’eau : « L’eau des multinationales, les vérités inavouables » de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly.
    4ème de couv :
    Que cache notre facture d’eau ? Ce livre révèle les méthodes
    des grandes compagnies de l’eau pour transformer les usagers
    en « vaches à lait » et neutraliser les élus.
    Témoignages à l’appui, il montre comment, grâce à la connivence
    avec des hommes politiques et des syndicalistes, à des
    comptes opaques, à des financements discrets, à des sociétés
    aux apparences trompeuses, ces firmes s’emparent de marchés
    et les conservent dans des conditions économiques douteuses.
    L’enquête évoque au passage les dessous d’un des plus gros
    scandales financiers de ces dernières années : le transfert sur
    des comptes irlandais de milliards d’euros initialement destinés
    à la réfection des réseaux de distribution.
    Les pratiques abusives des multinationales de l’eau sont
    lourdes de conséquences pour les usagers et représentent un
    réel danger pour la démocratie. Plus dramatique, en Amérique
    du Sud, en Afrique et en Asie, c’est parfois la population qui se
    retrouve privée d’eau potable.
    Toutefois, les choses commencent à bouger. Dans de nombreux
    pays, les firmes ont dû changer d’attitude ou se retirer. En
    France, de Toulouse à Lille, en passant par Paris, Lyon,
    Marseille, Cherbourg, Castres, Neufchâteau, Varages et bien
    d’autres, des associations se sont mobilisées pour imposer une
    gestion plus transparente et moins coûteuse.
    Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui ne veulent plus être
    des payeurs aveugles et souhaitent apprendre à lutter contre le
    commerce d’un patrimoine vital.
    Préface de Danielle Mitterrand
    Roger Lenglet est philosophe, journaliste d’investigation et
    directeur de collection.
    Jean-Luc Touly est salarié de la CGE depuis 1976. Il est aussi
    président de l’Association pour le contrat mondial de l’eau
    France, membre d’Anticor (association de lutte contre la
    corruption) et du conseil scientifique d’Attac.

  4. En complément : Le guide de l'eau publié par ATTAC.

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