Il dénonce la logique esthétique de la déploration à l’œuvre dans cette littérature, celle d’un monde qui disparait, d’une nature qui disparait. A aucun moment on ne pense à quelque chose qui pourrait naître de la modernité. On se l’interdit. Et c’est bien aussi ce qu’en partie je reproche à notre art de voyager emprunt de clichés, enfermé dans la logique esthétique des mondes qui disparaissent, qui refuse tout intérêt à la modernité en tournant résolument le dos au présent. Plus que la querelle littéraire, c’est bien l’image du monde, de l’Ailleurs et de l’Autre qui me parait être en jeu dans cette abondante littérature de voyage au demeurant fort bien écrite.
La littérature doit révéler « notre bâtardise originelle »
envoyé par lemondefr
(*) Camille de Toledo, 32 ans, est cinéaste et écrivain. Il a notamment signé L’inversion de Hieronimus Bosch et Vies et mort d’un terroriste américain (Verticales, 2005 et 2007). Il vient de publier un essai intitulé Visiter le Flurkistan, ou les illusions de la littérature-monde (PUF, 112 p., 12 €), où il répond au « Manifeste pour une ‘littérature-monde’ en français » publié dans « Le Monde des Livres » en mars 2007 : 44 écrivains de renom y saluaient l’avènement d’une nouvelle écriture de langue française, résolument voyageuse, ouvertement métissée… Voir les bonnes feuilles de Visiter le Flurkistan, ou les illusions de la littérature-monde publiées par le Monde (12 novembre 2008) et aussi : Voir aussi : « Visiter le Flurkistan ou les illusions de la littérature-monde », de Camille de Toledo : le mirage du « grand dehors », Le Monde des Livres, 13 novembre 2008.
(**) Manifeste « pour une littérature monde en français », lundi 19 mars 2007 par Michel Le Bris.