Il y a fort longtemps, un certain Victor Hugo avait déjà écrit sa version de cette fable du rat et du lapin en réponse au sac du Palais d’été par l’Angleterre et la France lors de la deuxième guerre de l’opium en 1860. Elle s’achevait ainsi(**).
Nous Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ! les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.
L’Empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd’hui, avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du palais d’Été. J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.
En attendant, il y a un vol et deux voleurs. Je le constate.
Ce jour n’est visiblement pas venu !
(*) La vente YSL-Bergé a rapporté au total 373,5 millions d’euros, Le Monde.fr, 25.02.09.
(**) Lettre de Victor Hugo, datée du 25 novembre 1861, critiquant la mise à sac du palais d’été le 17 octobre 1860. Le sac du Palais d’été et Victor Hugo, blog entre les livres, 4 décembre 2008.