Juin 272009
Baoding, où j’enseigne, n’a rien d’une petite ville perdue de la Chine profonde. Cette lointaine banlieue de Pékin rassemble un bon million d’habitants. Pourtant, sorti du campus, l’étranger reste l’Autre que l’on examine à distance, que l’on observe parfois longuement, sur lequel on disserte deux sièges derrière dans le bus, entre soi, ostensiblement et sans la moindre gêne. Qui est donc ce drôle de personnage aux cheveux blancs qui fréquente nos bus, avec un tel naturel qu’on le dirait né ici ? Peu s’aventurent à poser cette question. Parfois un excité à l’accent campagnard, au verbe haut, vient lui faire les questions et les réponses pendant cinq minutes, sans vraiment tenter de se faire comprendre ni même imaginer que l’Autre ne le comprend pas malgré ses dénégations. Il n’essaiera ni de reformuler, ni d’utiliser les gestes ou le corps pour se faire comprendre. Il disparaîtra subitement, lassé de son monologue, sans nulle autre politesse, un peu fâché d’avoir perdu son temps. Ce cas est rare, et l’Autre note très vite l’absence d’agressivité dans cette pratique de l’observation. C’est qu’en Chine on est peu habitué à côtoyer l’étranger. Si les jeunes urbains ont un regard plus ouvert, leurs aînés découvrent, sans vraiment adhérer, que leur Chine millénaire s’ouvre, vite, très vite, trop sans doute pour eux. Confronté à l’étonnement permanent, l’Autre s’habitue, ne fait plus attention aux regards, aux chuchotements, multiplie mécaniquement les sourires et les « ni hao », mais évite soigneusement les mimiques qui concluraient à sa nature grotesque.
Quant à moi, autre parmi tant d’autres, je ne peux m’empêcher de comparer cette pratique avec celle en vigueur à l’autre extrême de cet Orient et que je connais mieux. A Damas, au Caire, à Téhéran, habitués de longue date à l’étranger, on cherche à se l’approprier, à le posséder. On nomme généralement cette attitude, que l »on pare de noblesse, hospitalité. La rencontre est un jeu de séduction. On fera des gestes, réunira quelques mots, cherchera un interprète. Un fruit, un bonbon, un thé… la communication passera coûte que coûte, mais vous retiendra prisonnier car l’hospitalité a ses droits et ses devoirs. A lire les blogs de voyageurs français, on sent bien que l’esprit latin préfère sans appel l’approche moyen-orientale, il est vrai plus agréable voire plus pratique pour le voyageur que l’extrême-orientale. Cela ne devrait pas faire des Chinois des barbares pour autant surtout quand on sait comment nous, Français, recevons nos touristes et autres « expatriés » dans notre pays !
Quant à moi, autre parmi tant d’autres, je ne peux m’empêcher de comparer cette pratique avec celle en vigueur à l’autre extrême de cet Orient et que je connais mieux. A Damas, au Caire, à Téhéran, habitués de longue date à l’étranger, on cherche à se l’approprier, à le posséder. On nomme généralement cette attitude, que l »on pare de noblesse, hospitalité. La rencontre est un jeu de séduction. On fera des gestes, réunira quelques mots, cherchera un interprète. Un fruit, un bonbon, un thé… la communication passera coûte que coûte, mais vous retiendra prisonnier car l’hospitalité a ses droits et ses devoirs. A lire les blogs de voyageurs français, on sent bien que l’esprit latin préfère sans appel l’approche moyen-orientale, il est vrai plus agréable voire plus pratique pour le voyageur que l’extrême-orientale. Cela ne devrait pas faire des Chinois des barbares pour autant surtout quand on sait comment nous, Français, recevons nos touristes et autres « expatriés » dans notre pays !