Le Rouge et le Noir

Contrairement à ce qu’affirme ce caustique de Mark Twain, j’ai fait l’effort de (re)lire mes classiques avant de les enseigner, à l’exception du théâtre, dont j’avais un souvenir encore vivace, et des plus indigestes comme Le Discours de la Méthode ou l’Encyclopédie. Comme la bibliothèque de l’université est hélas très modeste, je me suis procuré les versions électroniques des ouvrages du programme que j’ai lus sur mon fidèle Palm, dans les transports ou au restaurant, entre deux coups de baguettes qui pour moi n’ont toujours rien de magique. Abnégation direz-vous ? Tout le contraire, plaisir ! J’ai dévoré le Rouge et le Noir dont je n’avais qu’un vague souvenir, laissant le riz refroidir dans son bol, tandis que mon esprit gambadait du côté de Verrières sous la plume mordante de Stendhal. Sa description de la province française de 1830 ne manque pas de sel. Il parle même de mon hobby, le tourisme, avec les mots que j’aime.

« Rapporter du revenu est la raison qui décide de tout dans cette petite ville qui vous semblait si jolie. L’étranger qui arrive, séduit par la beauté des fraîches et profondes vallées qui l’entourent, s’imagine d’abord que ses habitants sont sensibles au beau ; ils ne parlent que trop souvent de la beauté de leur pays : on ne peut pas nier qu’ils n’en fassent grand cas ; mais c’est parce qu’elle attire quelques étrangers dont l’argent enrichit les aubergistes, ce qui, par le mécanisme de l’octroi, rapporte du revenu à la ville. »