Juil 082009
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Ce paysage en quête de légende ne fait qu’accroitre la vacuité de ce voyage. Ma voisine, pimbêche made in Shanghai, souffre ma présence en silence plus qu’elle ne l’apprécie. Avec mon sac-à-dos, mon t-shirt trempé de sueur, mon short, mes nu-pieds, mes provisions de route, mon thermos de thé, ma barbe de trois jours, elle n’est visiblement pas ravie d’avoir payé un train à grande vitesse pour se retrouver à côté d’un migrant, fut-il étranger. Alors, vous pensez bien que mon intérêt pour la campagne chinoise la désespère.
Elle s’anime enfin à l’énoncé de mon origine. « Oui, Paris, si romantique, parlez-moi de la mode… » Ne dit-on pas que pour recevoir il faut savoir donner. Je fais donc un effort, j’essaie de ne pas froisser cette fashion victim, de lui laisser quelques illusions. En plus c’est bon pour notre balance extérieure. Mais je suis bien obligé d’avouer que, non, les Français ne s’habillent pas plus souvent chez les grands couturiers qu’ils ne sifflent de grands crus à chaque repas. Ah, que les clichés ont la vie dure. Mais ne sont-ils pas faits pour être dépassés ?
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Mais la faute originelle revient sans doute à ces fameuses concessions issues des « traités inégaux » de Nankin (1842-43) qui ont donné naissance à ce qui est encore la plus grande ville chinoise et qui ont modelé indirectement jusqu’au système politique chinois. Ville à forte concentration ouvrière pour fournir l’export, c’est en effet à Shanghai, que se tient en 1921, le premier congrès national du Parti communiste chinois.
Constat amère la nuit tombée. Ce n’est pas vraiment le moment de visiter Shanghai. Non seulement la température campe sur les 37° dans une moiteur liquéfiante mais le fameux Bund est fermé pour lifting accéléré en prévision de 2010 !
(*) Hangzhou-Shanghai Nan (sud). 6€. 1h30.