Juil 272009

Si Carl von Linné avait vécu plus longtemps il aurait peut-être ajouté que l’homme subsiste au Nord en rêvant de palmiers.
Lorsque je veux démontrer l’importance de l’imaginaire dans le tourisme, je prends souvent cet exemple du palmier. Cet arbre(**) – pratiquement absent en Europe il y a deux siècles – est à tel point devenu le symbole des vacances qu’on l’exige désormais en tout lieu. Il n’y a qu’à feuilleter les brochures des agences de voyage pour s’en convaincre ; aujourd’hui, une destination ensoleillée sans palmier au paysage est tout aussi inconcevable que Paris sans la Tour Eiffel. Pourtant, en Méditerranée, ces beaux palmiers de carte postale ne doivent rien à la tradition. Au mieux, le seul palmier connu en Méditerranée était le dattier des lointaines oasis de l’intérieur (Palmyre, Siwa, Biskra, Tozeur, Figuig) lui-même pas plus endémique puisque diffusé par les Romains et les Byzantins.

L’avenir touristique des villes se décide avec leur programme de plantations. Imaginons que la Côte ait été plantée de palmiers partout où l’on a mis des pins, (autre espèce importée et qui stérilise le sol). A quel point elle serait plus luxuriante et moins vulnérable au feu.
Alain Hervé(***)
(*) Carl von Linné (1707-1778), Syst. Nat., vol. i, p. 21 : Homo habitat intra tropicos, rescitur palmis, lotophagus ; hospitatur extra tropicos sub novercante Cerere, carnivorus.
(**) Le palmier n’est pas un arbre a proprement parlé mais un monocotylédone. Le stipe est au palmier ce que le tronc est à l’arbre. Il supporte les feuilles terminales. Il se forme avec le pétiole fibreux, empilé des feuilles mortes.
(***) Alain Hervé, La Passion des Palmiers, éditions Rom, Nice, 1995.