Juil 052009
Prenez le quartier de la Défense. Démontez ce Paris vétuste du XIXe s. qui s’étale à ses pieds. Créez à la place un grand lac en détournant la Seine et posez en arrière-plan le décor naturel d’Annecy, montagnes compris. Pour faire couleur locale plantez quelques pagodes sur les sommets, jetez des poissons rouges frétillants dans les bassins, parsemez les sous-bois de kiosques aux toits ondulants, étirez des chaussées étroites sur l’eau, plantez-les de saules, de pêchers et de grands arbres pour leurs frondaisons, animez le tout de ponts, de barques vous obtiendrez le lac Ouest de Hangzhou, merveille de fraîcheur, de délicatesse, non pas rejeté en périphérie comme nos bois parisiens, mais au coeur battant de la ville. Séduisant non ? Pas étonnant que le dimanche, ce grand lac fasse le plein de promeneurs. Je ne me joindrai pas cette fois au cortège des voyageurs avec majuscule qui déplorent les hordes de touristes. Moi, la foule dominicale et pacifique comme celle qui vient goûter cette splendeur ça me rend joyeux et optimiste. Que les Chinois profitent en masse de ce lac, c’est plutôt une bonne nouvelle. Certains, comme ces étudiants croisés à l’AJ, venaient du Fujian ou même de Chongqing. Qu’ils lui fassent honneur, il le mérite amplement. Splendide alliance d’une nature artistiquement retravaillée jusqu’aux moindres détails. Harmonie sereine que la grandeur de l’échelle n’affadit pas. On sent là des siècles d’une riche culture.
Pour profiter des douces allées ombragées, la ville a inauguré un système de vélo public gratuit, style Vélib’, que je m’empresse d’étrenner(*). Le pari était loin d’être gagné. Installer des vélos gratuits en Chine, c’est un peu comme vendre du sable à des Sahariens. Les Chinois ont pourtant adopté ce système. Le petit vélo rouge doté d’un panier pour bagage à l’avant et d’un siège enfant à l’arrière est partout. Un tel cadre de vie, une telle réussite ne seront bien sûr jamais montrés sur nos écrans. La Chine contemporaine ne peut être que pollution, violence politique, corruption, risque sanitaire, incompétence. C’est bien dommage cette réduction d’un peuple à une seule de ses facettes. Je me demande souvent comment un touriste arrive à réconcilier ce qu’il voit en voyage et ce qu’il a acquis de sa destination avant de partir, comment se forme le discours qu’il tiendra sur le pays visité à son retour. Il y a là une question pour sociologue qui me semble ne jamais avoir été traitée, et pourtant intéressante car elle a trait à notre perception du monde.
Q’importe. Hangzhou m’offre avec quelques mois d’avance le plus beau bouquet de mon demi-siècle. Celui de centaines de lotus que je n’avais jamais vus en fleur de ma vie.
Pour profiter des douces allées ombragées, la ville a inauguré un système de vélo public gratuit, style Vélib’, que je m’empresse d’étrenner(*). Le pari était loin d’être gagné. Installer des vélos gratuits en Chine, c’est un peu comme vendre du sable à des Sahariens. Les Chinois ont pourtant adopté ce système. Le petit vélo rouge doté d’un panier pour bagage à l’avant et d’un siège enfant à l’arrière est partout. Un tel cadre de vie, une telle réussite ne seront bien sûr jamais montrés sur nos écrans. La Chine contemporaine ne peut être que pollution, violence politique, corruption, risque sanitaire, incompétence. C’est bien dommage cette réduction d’un peuple à une seule de ses facettes. Je me demande souvent comment un touriste arrive à réconcilier ce qu’il voit en voyage et ce qu’il a acquis de sa destination avant de partir, comment se forme le discours qu’il tiendra sur le pays visité à son retour. Il y a là une question pour sociologue qui me semble ne jamais avoir été traitée, et pourtant intéressante car elle a trait à notre perception du monde.
Q’importe. Hangzhou m’offre avec quelques mois d’avance le plus beau bouquet de mon demi-siècle. Celui de centaines de lotus que je n’avais jamais vus en fleur de ma vie.
(*) Vélos publics de Hangzhou, curieusement non mentionnés dans le Lonely Planet qui vient de paraître. Caution carte 20€ + provision de consommation de 10€. Première heure gratuite, troisième heure et au-delà 0,3€/heure.
Abonnement et remboursement immédiats et en liquide (contrairement à ce qui est affiché dans certains hôtels) à la station principale au sud du West Lake Museum et du Mingtown hotel.
Voir aussi l’article Hangzhou très complet sur Wikitravel (version anglaise).
Pour citer cet article (format MLA) : Traynard, Yves. « Les Vélib’ d’Hangzhou ». ytraynard.fr 2024 [En ligne]. Page consultée en 2024. <https://www.ytraynard.fr/2009/07/les-velib-dhangzhou/>