Confiant dans le beau soleil affiché par Yahoo-Méteo pour les prochains jours, j’ai pris le premier train pour Pékin dès la classe finie espérant enfin me rendre à la Grande muraille aujourd’hui. C’était sans compter sur le brouillard automnal qui pourrit la visibilité. A défaut, j’ai consacré ma journée au Musée national d’art(*). Musée ou plutôt espace d’exposition, puisqu’aucune collection permanente n’y est présentée.
Actuellement, le musée propose trois sujets en apparence disparates. Qu’on en juge.
La première, assez décousue il est vrai, est consacrée au design. Un peu de Benetton, Lifestraw, Stark, Callebaut, Martino d’Esposito, Beck, Gehry, Shigeru Ban, et même YSL (après la vente Berger sont pas rancuniers les Chinois), des murs d’images d’objets supposés design, une maquette du futur Galaxy Soho (architecte Zaha Hadid) qui trônera en 2012 à Chaoyangmen, un prototype de l’audi TTS… Rien de palpitant, mais l’exemple chiffré de la chaussure Nike présentée dans la première salle porte l’intention. Le panneau indique que sur 200$ (prix de vente public), 10$ seulement reviennent au fabricant chinois, le reste aux États-Unis. Il y a là une claire conscience qu’il faut désormais créer, inventer pas se contenter de copier si l’on ne veut pas demeurer l’atelier du monde. En filigrane, il y a le constat que l’innovation ne se commande pas, mais est favorisée par un climat de « libéralisme intellectuel ». Innover ce n’est pas reproduire c’est critiquer, contester. Constat pénible pour un parti unique, mais qui murit au sein de l’élite. Le libéralisme économique sera-t-il le tombeau de la rigidité politique chinoise ?
La deuxième expo, China realism témoigne de ce mouvement en proposant des créations de l’année qui s’éloignent de l’art officiel. Par exemple, que peut bien signifier cet immense cube présentant sur quatre faces un Chinois ligoté sur une chaise entouré de papiers d’identité, de documents administratifs et de journaux froissés ?
La troisième exposition est consacrée au boom de la BD et du Cinéma d’anination chinois. On notera sans surprise que l’essentiel de la production est destinée aux enfants.
Ces trois expositions très courues des Pékinois, questionne le rôle de l’art contemporain dans la société chinoise. Ce musée témoigne d’une certaine reconnaissance de l’avant-garde et de la contestation (comme mal nécessaire) qui s’exprime plus volontiers dans le cadre moins officiel mais plus commercial de Dashanzi 798 art factory.
(*) Musée national d’art de Chine, http://www.namoc.org/en/. Entrée 2€. Aucune légende en anglais. Catalogues.